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RÉSUMÉ
En raison de l’utilisation croissante des alliages d’aluminium dans de nombreux secteurs industriels, ils doivent résister à des environnements de plus en plus agressifs. Plusieurs types de traitements anticorrosion ont été appliqués depuis longtemps. Actuellement, la réglementation visant à minimiser l’impact environnemental et la demande de l’allongement de la durée de vie ont entraîné le développement de nombreuses solutions anticorrosion. L’objectif de cet article est de détailler les traitements anticorrosion actuellement utilisés et leur mécanisme de protection. Les procédés sont abordés selon le mécanisme de formation des revêtements : les procédés de conversion chimique et électrochimique (anodisation), les procédés de type peinture puis les procédés thermomécaniques de surface.
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Emmanuel ROCCA : Maître de conférences - Institut Jean Lamour – Université de Lorraine - IUT Nancy-Brabois – Génie chimique – Génie des procédés - Nancy, France
INTRODUCTION
L’emploi des alliages d’aluminium s’est développé en raison de leur légèreté et de leur résistance aux phénomènes de corrosion. Cependant l’aluminium pur et les alliages très faiblement alliés restent très malléables et ont une résistance mécanique limitée.
Le développement industriel de ces alliages a donc nécessité l’amélioration des propriétés mécaniques du matériau aluminium (résistance à la traction, résistance à la fatigue…). Ainsi, après la mise au point du procédé métallurgique Hall-Héroult à la fin XIXe siècle, l’aluminium est devenu un métal d’intérêt avec la publication du brevet allemand d’Alfred Wilm en 1909 sur les alliages Al-Cu-Mg, appelés « Duralumin », qui a marqué le début du développement des alliages d’aluminium à hautes résistances mécaniques, comparables à celles d’aciers au carbone faiblement alliés. Ces alliages ont été rapidement utilisés dans le domaine de la construction mécanique et des transports, notamment dans le domaine aéronautique.
Cependant, dès les années 1920-1930, des problèmes de détérioration des alliages Al-Cu-Mg utilisés dans l’aéronautique ont été rapidement détectés par le National Advisory Committee for Aeronautics (NACA) aux États-Unis (devenu National Aeronautics and Space Administration – NASA – en 1958). En effet, l’ajout d’éléments d’alliages dans l’aluminium entraîne la formation de phases intermétalliques et diminue drastiquement la résistance à la corrosion de l’aluminium. Des traitements de surface anticorrosion à base de chromates, déjà utilisés sur les aciers, puis des traitements d’anodisation ont alors été appliqués avec succès sur les alliages d’aluminium pour améliorer leur durée de vie.
Actuellement, de nombreux traitements anticorrosion permettent d’utiliser les alliages d’aluminium dans des atmosphères industrielles très corrosives (riche en SO2, NaCl dans l’industrie des transport), ou au contact de milieux acides ou oxydants (solutions désinfectantes, acides dans l’industrie agroalimentaire…).
Depuis le début des années 2000, la réglementation européenne sur l’utilisation de produits chimiques (règlement REACH : Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals) et les normes sur les rejets des effluents industriels nécessitent la recherche de nouveaux traitements de surface à base de produits non toxiques (sans chrome(VI)) et sans cations métalliques lourds (comme l’ion Ni2+). Cela impose également d’intensifier les procédés afin de réduire les effluents aqueux puis de traiter les effluents restants, ce qui augmente la complexité et les coûts de production. Parallèlement, la demande de revêtements multifonctionnels répondant à un cahier des charges multicritère est devenue essentielle pour assurer la compétitivité de nombreuses activités industrielles. Enfin, les exigences sociétales pour améliorer la durabilité des différents produits industriels, notamment les pièces métalliques, requièrent d’améliorer constamment les protections anticorrosion. Il est donc apparu sur le marché de multiples procédés de protection, et la recherche et développement reste très active sur ces thématiques.
L’objectif de cet article est donc de dresser un état des lieux des protections anticorrosion couramment utilisées pour les alliages d’aluminium en privilégiant la description raisonnée des mécanismes de protection, les mécanismes de synthèse des revêtements et leur différentes spécificités (épaisseur, performance, procédé…).
Différents types de classification de traitements de surface anticorrosion existent en fonction du mécanisme de protection (protection galvanique, anodique, cathodique), de la nature et l’épaisseur du revêtement, du mécanisme de formation du revêtement (notion de conversion chimique, électrochimique, dépôt, revêtement par diffusion) ou du procédé de réalisation (procédé discontinu ou batch, semi-continu, continu).
Après avoir rappelé les principes et les mécanismes essentiels d’une protection anticorrosion pour les alliages d’aluminium, les procédés seront abordés selon le mécanisme de formation des revêtements :
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les procédés utilisant les atomes du substrat pour construire un revêtement protecteur : revêtements par conversion chimique (phosphatation, procédé Trivalent Chromium Process ou TCP…) ou électrochimique (anodisation) ;
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les procédés d’addition de matière en surface sans modifications majeures de l’alliage sous-jacent : revêtements organiques (peinture) et organominéral (dépôt sol-gel), revêtement métallique ;
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les procédés de modification de la structure métallurgique de surface du substrat (sans addition majeure de matière) : traitements thermomécaniques (tribofinition, grenaillage…).
Enfin, nous conclurons sur l’importance de la succession des opérations de traitements pour obtenir l’efficacité anticorrosion souhaitée.
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6. Revêtements métalliques
Les revêtements métalliques sur les alliages d’aluminium sont surtout utilisés pour améliorer les propriétés mécaniques de surface, comme la résistance au frottement, et améliorer les propriétés optiques des pièces, comme la brillance.
Pour ce type d’application, les propriétés anticorrosion des revêtements constituent alors une seconde fonction recherchée après l’amélioration des propriétés mécaniques et/ou esthétiques. En effet, peu de métaux ont un potentiel inférieur à celui de l’aluminium, permettant de réaliser une protection anticorrosion par anode sacrificielle. Les revêtements métalliques sont donc souvent plus nobles que le substrat d’aluminium sous-jacent. Ces revêtements doivent être réalisés avec un minimum de défaut, sous peine d’engendrer la piqûration prématurée de l’alliage d’aluminium.
Les revêtements sont principalement réalisés par électrodéposition, qui est le procédé adaptable à de nombreux types de pièces. Par rapport au procédé d’électrodéposition sur acier, les alliages d’aluminium nécessitent un prétraitement particulier afin d’éviter la passivation des surfaces. Un décapage poussé à base d’acide nitrique et de composé fluoré permet alors de désoxyder au mieux la surface, puis un dépôt sans courant (electroless deposition) de zinc ou nickel permet de maintenir conductrice l’extrême surface et amorcer ensuite le procédé d’électrodépôt .
Les revêtements de zinc permettent d’améliorer le frottement sur certains alliages, et les dépôts de nickel, Ni-P et chrome peuvent améliorer significativement la résistance mécanique de surface, tout en assurant des propriétés anticorrosion intéressantes.
Les dépôts de nickel brillant sont aussi couramment utilisés pour revêtir des accessoires de mode (bracelet, boucles…) réalisés en aluminium...
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BIBLIOGRAPHIE
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
NORMES
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Corrosion des métaux et alliages – Corrosivité des atmosphères – Classification, détermination et estimation. AFNOR - NF EN ISO 9223 - 2012
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Corrosion des métaux et alliages – Corrosivité des atmosphères – Valeurs de référence relatives aux classes de corrosivité. AFNOR - NF EN ISO 9224 - 2012
-
Essais de corrosion en atmosphères artificielles – Essais aux brouillards salins. AFNOR - NF EN ISO 9227 - 2022
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Corrosion des métaux et alliages – Essais de corrosion en atmosphères artificielles – Lignes directrices pour sélectionner un essai de corrosion accélérée pour la qualification du produit. AFNOR - FD ISO/TR 16335 - 2014
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Peintures et vernis – Détermination de la résistance à la corrosion filiforme – Partie 2 : Subjectiles en aluminium. AFNOR - NF ISO 4623-2 - 2016
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