La projection dynamique par gaz froid, dite plus communément et au grand dam (justifié) des puristes de la langue française, « cold spray », s’impose, depuis le début des années 2000, comme le chef de file des nouveaux procédés d’élaboration de revêtements à partir de poudre. Avec lui, le matériau fait peau neuve pour l’amélioration de ses propriétés superficielles. Son principe repose sur le maintien des particules entièrement à l’état solide pendant leur projection ; leur densification, à l’impact sur le substrat, résultant de leur vitesse très élevée (potentiellement largement supersonique). La qualité de la densification dépend de la capacité des particules à se déformer plastiquement pour assurer leur bon empilement et l’établissement de liaisons entre elles. De ce fait, le procédé cold spray, se trouve, pour ce qui est du matériau de dépôt, majoritairement destiné aux métaux et, dans une moindre mesure, aux polymères. Les céramiques s’en trouvent écartées, sauf à considérer (mais les cas sont rares) des conditions de procédé et un choix des poudres très spécifiques. Ceux-ci, encore peu connus, intègrent le fait que ce sont des mécanismes foncièrement différents de la déformation plastique qui conduisent à la formation d’un dépôt. Quand des céramiques sont en jeu en cold spray, elles le sont le plus souvent en mélange avec un liant (métallique ou polymère) pour aboutir à un dépôt composite par nature.
Les revêtements obtenus se distinguent par leur « propreté » (absence d’oxydation en particulier) et leur grande densité, qui plus est sans altération des principales caractéristiques métallurgiques de la poudre initiale. De plus, en comparaison avec d’autres procédés comme la projection plasma, le coût d’investissement est souvent réduit, pour un rendement matière élevé (couramment au-delà de 80 %). L’engouement pour le cold spray s’en trouve ainsi aisément justifié. Il l’est d’autant plus que ses derniers développements le placent aussi dans le concert actuel des procédés de fabrication additive pour la réalisation de pièces. Il peut s’aventurer ainsi bien au-delà du champ de réalisation de revêtements. Les secteurs industriels intéressés par le cold spray sont multiples et recoupent ceux de la projection thermique classique : l’aéronautique, l’automobile, l’énergie, le luxe… via ses grands groupes autant que par son tissu de PME. Transversalement, parmi les applications les plus porteuses du cold spray figurent celles liées à la réparation.
Cet article a pour ambition de donner une vue d’ensemble du cold spray en abordant les questions touchant tant aux différentes technologies de procédé qu’aux matériaux conduisant au dépôt. Les principaux mécanismes de base de dépôt sont abordés, mais toujours à la lumière des propriétés et applications visées.
Le lecteur trouvera en fin d'article un glossaire et un tableau des sigles et des notations utilisés.