L’innovation est une pratique importante dans les entreprises, il convient donc de bien en comprendre le sens. Nous donnons ici une série de définitions qui vous permettront d’entamer un travail d’analyse. Dans les étapes suivantes, nous donnerons toutes les clés pour sa mise en pratique. On conseillera également de se reporter à la fiche qui présente les 4 niveaux de pilotage des processus d’innovation.
L’innovation peut être définie par sa nature et par son domaine d’application
On distingue donc les innovations portant sur :
- des produits, des objets matériels ou formulés : pièces mécaniques, aliment, produits chimiques… Ces produits innovants sont visibles par le client ;
- des services : la nouveauté réside alors dans une prestation offerte au client qui n’existait pas avant. Exemple : la gestion du compte bancaire en ligne ;
- des procédés : on modifie la façon de produire. Par exemple : la découpe laser de pièces de tissus. Dans ce cas, le client ou l’usager n’a pas conscience de l’innovation ;
- l’organisation : la manière dont les acteurs d’une filière ou d’une entreprise s’organisent entre eux. Exemple : créer des équipes inter-services (avec des personnes membres du bureau d’étude, du service commercial, du service financier…) pour créer des produits. Là encore, ceci ne sera pas visible aux yeux du client ;
- la manière de vendre : la mise à disposition des produits pour le client évolue. Exemple : la vente via Internet ;
- le modèle économique : la manière de gagner de l’argent change. Exemple : les sites « gratuits » sur Internet.
De plus, pour prendre en compte toutes les dimensions de l’innovation, les définitions suivantes sont à connaître :
Une mise en marché réussie : il n’y a pas d’innovation sans marché (à distinguer de la découverte) ni création de valeur. Ainsi, l’ordinateur a supplanté le Minitel.
La nouveauté est au cœur des choses : l’innovation se distingue nettement de ce qui préexiste, elle nécessite de nouvelles compétences pour le fabricant, voire pour l’utilisateur. Il y a des degrés de nouveauté qu’il est essentiel de savoir mesurer pour organiser et financer l’innovation.
Une rupture dans les performances : en termes d’efficacité, l’innovation permet d’aller plus loin que les améliorations tentées sur les produits précédents. C’est l’exemple de l’ABS sur les systèmes de freinage automobile.
Un processus de l’idée au produit nouveau puis du produit nouveau à l’activité économique nouvelle : l’innovation est une démarche par étape (cf. Encourager les pratiques de pilotage favorisant l'innovation) qui génère des produits nouveaux. Pourtant, se contenter de travailler sur la conception du produit est une cause d’échec connue. Il faut concevoir simultanément toutes les activités supports (procédés de fabrication, mode de distribution, système qualité…).
Une alternance de travail dans le domaine des concepts C et des connaissances K. Précisons que le processus d’innovation est tout à fait caractéristique car il amène les acteurs de l’innovation à générer de nouvelles connaissances K mais aussi à créer de nouvelles visions des objets C. L’innovation est une séquence où l’on passe sans cesse du vérifiable à l’imaginaire. Exemple : l’innovateur imagine « un système qui fait tourner les roues à des vitesses différentes dans les virages » et met au point (calcule, réalise, teste) un objet mécanique, « le différentiel ».
Une façon originale de penser : c’est le « out of the box thinking » des Anglo-Saxons que l’on peut traduire par « la solution est ailleurs ». Innover, c’est raisonner différemment des autres, c’est se représenter les problèmes de manière originale. Le Post-it®, avec sa colle temporaire qui ne laisse pas de trace, en est un exemple emblématique.
Une progression en environnement incertain : malgré toutes les études, l’innovation génère des risques et est sensible aux aléas. Qui aurait prédit à l’heure du « zéro papier » que 100 % des travailleurs des pays développés utiliseraient des Post-it® ?
L’innovation consiste aussi à saisir des espaces d’opportunités : c’est savoir repérer un lieu, un marché, des personnes, un moment favorable pour lancer un nouvel objet. Ainsi, le développement des systèmes d’exploitation d’ordinateurs par Microsoft au début des années 1980.
Une alternance entre création et standardisation : il y a des phases durant lesquelles on génère quelque chose de nouveau. Mais cette étape doit être immédiatement suivie d’une phase de standardisation en interne de l’entreprise (ce qui est nouveau doit être banalisé le plus vite possible en termes de fabrication, maintenance…) et en externe (la filière doit reconnaître la nouveauté comme une référence).
Par la suite, nous allons détailler comment utiliser ces définitions de base pour piloter l’innovation et prendre des décisions sur la conception des produits.