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BioLite, un four thermoélectrique au service des plus pauvres

Posté le par La rédaction dans Environnement

3 milliards de personnes cuisinent au feu de bois, et 1,6 milliard n’ont pas accès à l’électricité dans le monde. Le mini-four BioLite, mis au point par une start-up new-yorkaise, permet de faire d’une pierre deux coups.

Avec BioLite, contrairement aux modèles ordinaires, un ventilateur intégré permet d’obtenir un feu puissant et une combustion complète. Les émissions toxiques pour la santé humaine dont le monoxyde de carbone et les particules de carbone-suie sont ainsi considérablement réduites.

Un générateur thermoélectrique (TEG) convertit directement, par effet Seebeck, une partie de la chaleur perdue en électricité (courant continu). Ce générateur permet d’alimenter le ventilateur du mini-four, et l’électricité produite en excès permet de charger par exemple un téléphone mobile via un port USB, ou la batterie d’une lampe LED. Un microprocesseur intégré gère le système.

BioLite permet d’atteindre en 5 minutes l’ébullition d’un litre d’eau. En 20 minutes, le four permet d’obtenir une heure de conversation avec un iPhone et 4 litres d’eau bouillante.

Un gadget ? Pas du tout quand on prend conscience de l’énorme potentiel de ce produit  pour les populations les plus pauvres de la planète.

Un intérêt pour la santé humaine et le climat

Plus de 3 milliards de personnes cuisinent au bois dans le monde, avec des feux traditionnels ouverts. Les fumées toxiques polluent l’air intérieur des habitations et sont responsables de la mort de deux millions de personnes chaque année, dont 85% sont des enfants et des femmes. C’est deux fois plus qu’avec la malaria. Les fours traditionnels ont un effet comparable à la consommation de deux paquets de cigarette par jour.

Les 500 millions de foyers qui ont recours au bois pour cuisiner émettent l’équivalent d’un milliard de tonnes de C02 dans l’atmosphère chaque année, sous forme de dioxyde de carbone, de méthane, d’oxyde d’azote et de carbone-suie.  BioLite permet, s’il remplace un feu ouvert traditionnel, de réduire de 95% des fumées toxiques et de réduire les émissions d’équivalent CO2 d’une tonne et demi par an.

Un réel intérêt économique pour les populations pauvres

Et ce mini-four n’a pas seulement un intérêt pour la santé humaine. Il aussi un intérêt économique substantiel.

Il permet tout d’abord une division par deux de la consommation de bois. Ce qui permet non seulement de réduire la déforestation mais aussi de réduire le temps passé pour  sa collecte, tâche le plus souvent réalisée par les femmes et les enfants. Le temps libéré peut alors être consacré pour générer des revenus pour la famille ou alors pour se reposer. Bien que le bois soit meilleur marché que les solutions à base de combustibles fossiles, il n’est pas gratuit. Les familles passent entre deux et quatre heures par jour à le collecter, et dans les secteurs où il doit être acheté, il ampute entre 10 et 15% des revenus totaux.  

D’autre part la plupart la moitié des familles qui cuisinent au bois n’ont pas accès à l’électricité. 1600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité dans le monde aujourd’hui. Une fois le soleil couché, des lampes à kérosène, très polluantes et des bougies sont allumées. Cette forme d’éclairage a une facture qui s’élève à 38 milliards de dollars en combustible chaque année, c’est-à-dire environ 23 dollars par personne et par an.

Enfin, de plus en plus de familles sans électricité ont recours à des téléphones mobiles qui leur sont très utiles. Ces familles doivent aller charger leurs téléphones dans des boutiques spécialisées, parfois loin de leur habitation, ce qui leur coûte relativement cher : environ 40 dollars par an, ce qui est beaucoup quand on gagne moins d’un ou deux dollars par jour. Et cela leur fait perdre du temps.

Etant donné que BioLite permet de produire de l’électricité quand ils préparent à manger ou quand ils purifient l’eau, les gens peuvent alimenter les batteries des lampes LED et les téléphones mobiles chez eux. Il n’est alors plus nécessaire d’acheter du kérosène pour s’éclairer, ni de payer la charge électrique du téléphone mobile. Sur le plan marketing, la possibilité de charger le téléphone à la maison augmente considérablement l’attractivité de ce four comparativement aux autres types de mini-fours. Le téléphone portable est effectivement un produit très désiré, car il permet de communiquer avec les amis et la famille.

Disponible en permanence

BioLite est compétitif avec les technologies solaires photovoltaïques alternatives. Il ne nécessite l’installation ni de panneaux solaires, bu de fils électriques. Et il permet une production à la demande 24H sur 24, 365 jours sur 365, indépendamment des conditions météo.

«  Nous croyons en une approche basée sur l’économie de marché pour éliminer la pauvreté », explique Jonathan Cedar, directeur de l’équipe BioLite constituées de designers, d’ingénieurs et d’entrepreneurs sociaux. «  En créant des solutions qui sont efficaces, abordables économiquement, et désirables pour le consommateur, nous pouvons atteindre davantage de personnes plus rapidement » poursuit l’entrepreneur.  

 

Une écotechnologie qui ne bouleverse pas les habitudes des gens

 

Contrairement aux autres mini-fours « propres » qui existent sur le marché, et qui requièrent soit une source d’électricité externe pour alimenter le ventilateur intégré, soit des carburants spéciaux, ou alors des changements comportementaux importants (comme dans le cas des fours solaires), le four Biolite est alimenté comme les feux de bois ouverts traditionnels.  « BioLite est le premier mini-four a atteindre un niveau de réduction des émissions toxiques supérieure à 90% sans avoir besoin de  recourir à une alimentation électrique externe ou des carburants spéciaux » souligne Jonathan Cedar.

Bientôt un million de mini-fours Biolite en Afrique sub-saharienne et en Inde

Durant 2010 et 2011, Biolite est passé du stade prototype au stade produit testé sur le terrain. Des essais ont été réalisés sur les 4 continents afin de vérifier qu’il convient à une large gamme de besoins locaux et d’habitudes, tester sa durabilité et optimiser son design.

Des programmes de déploiement à grande échelle sont actuellement en cours ou en projet en Inde, au Ghana, au Kenya, en Ouganda, et des partenariats se mettent en place progressivement partout dans le monde. Pour les 5 années à venir, Biolite s’est engagée à équiper un million d’habitations en Inde et en Afrique sub-saharienne.  

L’équipe BioLite a remporté plusieurs prix dont le St. Andrews Prize for the Environment et le prix BusinessWeek de l’entrepreneur américain le plus prometteur. La secrétaire d’état Hillary Clinton en a vanté les mérites : « Avec les avancées technologiques, les nouveaux fours peuvent à présent utiliser leur propre chaleur pour produire de l’électricité qui alimente des ventilateurs éliminateurs de fumées toxiques, mais aussi les téléphones mobiles, et même les lampes des habitations »

Le mini-four est également vendu dans une version adaptée aux campeurs occidentaux, disponible au prix de 129 dollars (environ 100 euros). Ce marché permet le financement de projets en Afrique sub-saharienne.

Par Olivier Daniélo

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Posté le par La rédaction

Les derniers commentaires

  • Bonjour,
    Votre article m’a beaucoup impressionné sur l’utilisation de la thermo-électricité et son mode de production à partir d’un mini four. Comment peut-on promouvoir cette production au Cameroun où je suis originaire?
    Emmanuel ZANG


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