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Décryptage

Quelle création de valeur pour sortir de la crise ?

Posté le par La rédaction dans Entreprises et marchés

La présentation de la cinquième édition de « La recherche et l’Innovation en France », qui fournit des repères et des perspectives dans le paysage de la recherche, a été l’occasion pour des personnalités du monde industriel et politique d’insister sur la disponibilité des fonds publics et sur les nouveaux modèles d’affaires. Explications.

Alors que les effets de la crise se font durement sentir, la recherche et l’innovation sont convoquées pour renouer avec une croissance durable. Le paysage français ayant été profondément remodelé depuis 2005, les attentes sont fortes. Cinquième opus d’une série annuelle, « La Recherche et l’Innovation en France » fournit aux observateurs et décideurs publics ou privés des repères et des perspectives dans le paysage de la recherche. Rédigé sous la direction de Jacques Lesourne, professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers, membre de l’Académie des technologies et prospectiviste renommé, et de Denis Randet, délégué général de l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT), cet ouvrage est le fruit des travaux menés au sein de FutuRIS, qui rassemble acteurs et experts de la recherche et de l’innovation.

Au sommaire :

  • le SFRI (système français de recherche et d’innovation) et son environnement européen : les champs décisionnels des acteurs, 2000-2010, entre politique de croissance et gestion de crise, l’avenir des relations enseignement supérieur et recherche, l’Espace européen à l’horizon 2020 ;
  • Recherche, entreprises et création de valeur : logique de la valorisation, les stratégies en matière de propriété intellectuelle, la place des entreprises de taille intermédiaire, la coopération Fraunhofer-Carnot ;
  • Innovation et nouveaux défis socio-économiques : les politiques d’innovation à l’épreuve de la variété, l’innovation dans les services, éthique et innovation.

Rester vigilant au regard de la disponibilité des fonds publics 

A l’occasion de la présentation de ce rapport, François Goulard, député du Morbihan et ancien ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la recherche, a souligné l’utilité pour les décideurs publics des productions venant de plateformes « neutres et indépendantes mais engagées », telles que FutuRIS. De sa position de parlementaire, il regrette qu’elles fassent défaut dans de nombreux secteurs de l’action politique.  Il se réjouit de constater que la recherche et l’enseignement supérieur constituaient une priorité gouvernementale non seulement dans les mots mais aussi dans les décisions budgétaires. Il a toutefois mis en garde contre le fait que l’on s’en est jusque-là tenu à des réformes « aimables », proposant de nouveaux outils et dispositifs aux acteurs, sachant que les questions de cohérence d’ensemble, d’arbitrages nécessaires et de mise en œuvre volontariste demeurent posées.  Les réponses seront par ailleurs d’autant plus difficiles à apporter que les décisions budgétaires à venir risquent fort d’être particulièrement contraintes.

Pour sa part, Francis Mer, président du conseil de surveillance de Safran et ancien ministre de  l’économie, s’est étonné que le crédit impôt recherche, très généreux depuis sa dernière réforme en 2008, n’ait pas été entouré d’un dispositif de suivi. Ce qui aurait permis, d’une part d’anticiper l’évolution de son coût qui semble avoir surpris tout le monde, et d’autre part servirait, aujourd’hui à trancher dans les débats controversés sur son rapport coût/bénéfices. 

Comprendre les nouveaux modèles d’affaires

Quant à Philippe Lemoine, président de Laser, il considère que FutuRIS, en proposant un ouvrage de référence à la fois « complet et stimulant » dans un contexte en évolution rapide, fait figure  « d’agent transformateur du présent ». D’où la nécessité d’appréhender toutes les dimensions de l’innovation telle qu’elle se pratique aujourd’hui. Ce que l’on nomme « la » crise repose à ses yeux sur la conjonction en réalité de trois blocages :

  • une première difficulté tient à la notion de valeur de l’entreprise : l’essai de compromis, incarné sur le plan comptable par les normes IFRS, entre une conception patrimoniale longtemps dominante («shareholders value ») et une représentation plus générale mais moins tangible («stakeholders value ») a volé en éclats. La prise en compte des actifs immatériels est une nécessité, comme le montrent les analyses de FutuRIS sur la propriété intellectuelle, mais il faut encore trouver des outils unanimement admis pour le faire ;la deuxième difficulté
  • consiste pour les entreprises à se reconnaître des frontières claires, alors même qu’elles doivent inventer de nouveaux modes d’organisation pour puiser dans leur environnement extérieur les ressources humaines et technologiques indispensables à leur  ompétitivité. La plateforme FutuRIS  joue son rôle quand elle aide à comprendre et à promouvoir les nouveaux modes d’innovation ouverte ;
  • le troisième enjeu provient de la transformation de la relation entre l’individu et le collectif. Dans une économie de services, l’usager devient aussi producteur à son échelle. Cela exige des entreprises mais aussi de toutes les institutions qui les entourent de s’éloigner d’une conception  ndustrielle classique (une entreprise fabrique un produit qu’elle vend à une masse de consommateurs) pour devenir partie prenante d’une « économie pollen », où le produit sert de plateforme de base pour le développement de services. Sur ce point, Francis Mer a réagi en soulignant que Safran, entreprise typiquement industrielle à première vue, réalisait plus de 40 % de son chiffre d’affaires sur l’ « after market », autrement dit sous la forme de prestations de services. Un outil aussi important que le crédit impôt recherche, dans ses contours actuels, tient encore insuffisamment compte de cette réalité. Son extension à l’innovation est une question ouverte, délicate, qui demandera « un peu d’effort », auquel FutuRIS pourrait contribuer.  

Posté le par La rédaction


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