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Une centrale thermique utilise les pneus comme combustible

Posté le par La rédaction dans Chimie et Biotech

La société Pneutech SAS et sa division Pneutech Ingénierie ont mis au point un concept innovant de centrale thermique utilisant le pneumatique usagé pour principal combustible. Ce type d’installation constitue le chaînon manquant de l’industrie du pneumatique, en permettant de produire de l’énergie tout en valorisant l’ensemble des déchets caoutchouteux de la filière pour en extraire les matières premières et les réintroduire dans le cycle de production.

A l’heure où l’Europe prend conscience de la nécessité de promouvoir l’économie circulaire, la récupération des matières contenues dans les pneumatiques usagés prend tout son sens.

Le pneu est en effet un combustible au pouvoir calorifique plus élevé que celui du charbon (35 MJ/kg contre 25 pour le charbon), il contient plus de carbone et produit moins de cendres, d’où son grand intérêt sur le plan thermique. Il est par ailleurs riche en métaux, notamment en fer (tringles et armatures en acier) et en zinc, voire en métaux rares, comme le cobalt.

Aussi, la technologie mise au point par la société Pneutech SAS applique-t-elle le concept de minerai aux déchets qu’elle utilise comme combustibles. Ceux-ci, constitués de pneus entiers ou broyés, rebuts de fabrication de pneumatiques et autres déchets de l’industrie du caoutchouc sont en effet transformés en matériaux de qualité et en énergie thermique et électrique. 

Une centrale de ce type est actuellement en projet en France à Strasbourg. D’une puissance de 30 MWe, elle sera capable d’incinérer quotidiennement 300 tonnes de ces déchets.

Un procédé thermique qui privilégie la valorisation 

Le procédé met en œuvre une technologie de combustion éprouvée, respectant en tous points les normes françaises et européennes applicables aux rejets dans l’atmosphère.

Les combustibles sont introduits dans le four à 1500°C. A cette température, toutes les matières organiques sont quasi instantanément sublimées. L’acier des tringles et de la carcasse fond rapidement en gouttelettes, qui sont rapidement refroidies par une trempe, produisant des grenailles d’excellente qualité pouvant être revendues à meilleur prix que la ferraille.

La combustion des matières organiques produit des gaz dont certains sont polluants (oxydes d’azote, SO2, chlore). Ceux-ci sont neutralisés par un traitement permettant la valorisation du soufre sous forme de gypse de synthèse de grande qualité, et du chlore sous forme de chlorure de calcium. Le premier est utilisable dans l’industrie pour la production de plâtre et le second comme sel de déneigement. 

Le zinc et le cobalt recyclés

On retrouve dans les cendres des traces de tous les produits chimiques contenus dans les combustibles, notamment le zinc et le cobalt. Un procédé hydrométallurgique innovant permet de dissoudre puis récupérer ces métaux de valeur. 

L’oxyde de zinc et le cobalt sont couramment utilisés dans la fabrication de pneumatiques à carcasse radiale. L’oxyde de zinc représente en moyenne jusqu’à 1,3% de la masse d’un pneu. Il est utilisé pour accélérer le processus de vulcanisation du caoutchouc, mais il contribue également à l’amélioration du vieillissement dynamique et de la tenue au vieillissement UV. 

Le cobalt quant à lui a un rôle de liant et permet d’améliorer l’adhérence entre acier et caoutchouc. Notons que ce métal figure sur la liste des 14 matières premières critiques de l’Union Européenne. Celle-ci encourage les Etats membres à adopter des mesures stratégiques pour accroître l’efficacité du recyclage de ces matières ou des produits qui en contiennent et à sécuriser leurs approvisionnements.

La production de Pneutech pourra donc intéresser les manufacturiers de pneumatiques à la recherche de composants recyclés de qualité, et ainsi réintégrer leur circuit en « bouclant la boucle ».

Le carbone imbrûlé (environ 30% en poids des cendres) est séparé du mélange afin de le réutiliser pulvérisé sous pression comme combustible dans la chaudière. 

De l’énergie à revendre

La chaleur de combustion des pneus permet de produire de la vapeur réutilisable localement, par exemple pour la vulcanisation du caoutchouc, ainsi que de l’électricité à faible coût (29,98 €/MWh pour le projet de Strasbourg après revente des matières recyclables). En fonction des réglementations nationales, celle-ci pourra être revendue à un distributeur d’énergie ou consommée localement. 

Opportunité d’investissement

En vue de boucler le financement du projet de Strasbourg, Pneutech a récemment lancé une offre de souscription de 5 millions d’euros auprès de professionnels : manufacturiers, garagistes, collecteurs de pneumatiques usagés, centres VHU, entreprises de recyclage. L’entreprise leur propose en contrepartie la reprise à coût positif garanti* de leurs pneumatiques, résidus de broyage, ou rebuts de caoutchouc. 

Elle a d’ores et déjà reçu le soutien de l’association Recyclage Automobile, fonds financier intervenant dans l’univers du recyclage automobile, à hauteur d’un million d’euros. Des banques, comme le groupe CM-CIC et des fonds d’investissement ont également manifesté leur intérêt à financer l’emprunt bancaire initial et souscrire à une augmentation de capital ultérieure. La BPI** et l’ADEME*** sont également interessés pour intervenir financièrement dans le projet. Des dossiers sont en cours de montage en ce sens.

Parallèlement, Pneutech SAS, via son département Pneutech Ingénierie, poursuit l’étude de plusieurs projets à l’international à la demande de manufacturiers souhaitant bénéficier de son assistance technique. 

*Ce prix pourra atteindre 70€/t pour les pneumatiques et 10 à 70 €/t pour les résidus de broyage.
** BPI : Banque Publique d’Investissement
*** ADEME : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie

Sources : Grégoire  JOVICIC, Président de PNEUTECH SAS

Et aussi dans les
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