Les négociations climatiques de la COP30 au Brésil sont fragilisées par la présence en nombre de participants liés, plus ou moins directement, à l’industrie des énergies fossiles, a dénoncé vendredi une coalition d’ONG qui a tenté de les décompter.
Au total, 1.602 personnes ayant des liens avec les secteurs du pétrole, du gaz et du charbon sont accréditées pour Belem, aux portes de l’Amazonie, soit près d’un participant sur 25, selon la coalition Kick Big Polluters Out (littéralement « Virez les gros pollueurs »).
Le décompte de KBPO, consulté par l’AFP, comprend une trentaine de représentants directs des majors pétrolières ExxonMobil, Chevron, Shell, TotalEnergies et Eni. Et une centaine de cadres des compagnies nationales pétrolières d’Afrique, du Brésil, de Chine, d’Indonésie et du Golfe (à l’exception de la compagnie saoudienne Aramco qui n’a aucun représentant officiel recensé).
La liste inclut des participants liés à d’autres entreprises du secteur des énergies fossiles, à des associations professionnelles, des syndicats patronaux et des investisseurs ainsi que des sociétés d’autres secteurs, telles que le constructeur automobile Volkswagen ou le géant danois du transport maritime Maersk.
La Fondation de Venise pour la durabilité, qui veut faire de la cité lacustre un modèle de développement durable, figure aussi sur la liste car elle compte la compagnie pétrolière italienne Eni parmi ses fondateurs.
KBPO épingle aussi le géant danois des éoliennes Orsted, accusé de vendre du gaz, et les huit représentants du Français EDF, dont l’électricité bas carbone provient en majorité du nucléaire mais dont 5% de la production mondiale brûlait encore du gaz en 2024.
– « Je ne suis pas lobbyiste » –
Apostrophé par une militante de Greenpeace, le patron de TotalEnergies présent à Belem, Patrick Pouyanné, a lancé « je ne suis pas un lobbyiste du tout », jugeant par ailleurs ne pas croire « qu’on fera progresser le climat par l’exclusion ».
Avec lui, neuf personnes liées au groupe français ont été accréditées pour participer à la COP, toutes recensées dans la liste de KBPO
Interrogés vendredi par l’AFP, plusieurs groupes cités dans l’analyse n’ont pas répondu dans l’immédiat.
Certains noms peuvent paraître « surprenants », a déclaré à l’AFP l’un des analystes, Patrick Galey, qui justifie leur présence par des traces d’influences potentielles identifiées lors de recherches en sources ouvertes.
Par exemple, tout acteur des énergies renouvelables qui est une filiale d’une entreprise d’énergies fossiles a été incluse parce qu’elle « obéit au doigt et à l’oeil » à sa société mère, a expliqué M. Galey.
Les trois représentants de la compagnie publique émiratie des renouvelables Masdar sont ainsi cités, car elle est liée à la compagnie pétrolière nationale Adnoc.
KBPO considère comme « lobbyiste des énergies fossiles » tout délégué qui « représente une organisation ou est membre d’une délégation dont on peut raisonnablement supposer qu’elle a pour objectif d’influencer » dans l’intérêt de l’industrie fossile.
Les ONG analysent les listes des délégués depuis 2021.
En 2023, la COP28 de Dubaï, riche en pétrole, a a connu un nombre record de participants (plus de 80.000) mais aussi de lobbyistes des énergies fossiles, selon KBPO qui en avait recensé 2.456.
Les comparaisons historiques sont toutefois fragiles car l’ONU a commencé à publier une liste plus détaillée des participants à la COP28.
« On ne peut pas résoudre un problème en donnant le pouvoir à ceux qui l’ont causé, c’est du bon sens », a déclaré Jax Bonbon, autre membre de la coalition.
Les chiffres pourraient toutefois être plus élevés puisque 54% des 42.000 personnes accréditées n’ont pas déclaré à l’ONU leur affiliation, selon Transparency International.
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