Six personnes sont jugées depuis lundi par le tribunal correctionnel de Bobigny, suspectées d’avoir mené un réseau exerçant illégalement la médecine, à raison de centaines d’injections illégales notamment de botox et d’acide hyaluronique, occasionnant de graves séquelles chez certaines jeunes femmes.
L’affaire débute grâce à une journaliste enquêtant sur les dangers d’internet sur les jeunes. D’abord, elle identifie un compte Instagram qui propose des injections clandestines, a rappelé le tribunal à l’ouverture de l’audience lundi.
Equipée d’une caméra cachée, elle se rend ensuite à un rendez-vous sous une fausse identité dans un appartement de Bobigny, transformé en cabinet médical à l’hygiène douteuse. Mais, la journaliste doit fuir les lieux quand elle est démasquée par l’assistante de Malika E., citoyenne russe prétendant être professionnelle en soins esthétiques.
L’enquête, confiée à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, recense plusieurs témoignages de femmes qui ont dépensé des centaines d’euros pour des prestations ayant viré au cauchemar.
A la suite d’injections dans les mollets, payées 5.000 euros, une cliente de Malika E. a développé une infection. L’ablation de la partie nécrosée de son muscle l’a contrainte à rester alitée pendant deux mois.
Une autre jeune femme n’a, elle, pas pu s’assoir pendant plusieurs semaines, conséquence d’injections dans les fessiers payées 1.700 euros.
Pour procéder aux « Russian lips » dont elle fait la promotion, aux côtés des soins « brûle-graisses corps et visage », Malika E. achète en ligne, auprès de fournisseurs en Corée du Sud et en Ukraine, des médicaments dont certains ne sont pas autorisés dans l’Union européenne.
Parmi les personnes poursuivies figurent d’anciennes infirmières ou employées des centres hospitaliers Bichat à Paris et Avicenne à Bobigny, où elles dérobaient matériel et médicaments.
Au tribunal, Malika E. a expliqué qu’à son arrivée en France en 2010, elle n’a pas réussi à faire reconnaitre son diplôme de médecine obtenue en Russie en 2009. Elle assure n’avoir jamais abusé du titre de médecin en France. Toute de noir vêtue, la prévenue a simplement déploré avoir commandé et reçu un lot falsifié de produit pour injections, une contrefaçon qui aurait causé toutes les complications chez ses clientes.
En compensation, elle déclare leur avoir versé des dizaines de milliers d’euros pour contribuer à leurs frais de santé additionnels.
Face au conjoint de Malika E., poursuivi pour blanchiment de l’argent tiré de cette activité, qui n’a pas caché son désintérêt pour ses « histoires de filles », la présidente du tribunal a sèchement recadré les débats: « On n’est pas à un forum de produits cosmétiques, » tance la juge, « on est à un procès pénal ».
L’audience doit s’achever mercredi.
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