Des centaines de compteurs Linky trafiqués et un préjudice estimé par Enedis à plus d’un million d’euros: devant le tribunal judiciaire de Bordeaux, le prévenu sexagénaire a admis lundi certains faits mais réfuté être l’unique auteur de cette vaste escroquerie.
« On n’est pas sur un Robin des bois des temps modernes, qui serait venu soulager les plus nécessiteux », a lancé au début de son réquisitoire le ministère public, réclamant deux ans de prison avec sursis contre cet ancien salarié d’Enedis qui assure s’être lancé dans ces manipulations pour « aider » une connaissance dans le besoin.
L’électricien à la retraite est accusé d’avoir trafiqué 599 compteurs Linky entre 2018 et 2024 en Gironde, permettant aux clients de réduire leur facture d’électricité de près de 80%, en échange d’une rémunération, allant de 500 à 800 euros en liquide.
Le prévenu aurait ainsi amassé plusieurs centaines de milliers d’euros, selon l’enquête, tandis qu’Enedis a évalué ses pertes à 1,2 million d’euros.
Estimant que le sexagénaire, jugé pour « complicité d’escroquerie », est « la clé de voute de l’infraction », le parquet a également requis la confiscation de tous ses biens, dont la maison familiale, un appartement, un camping car, ainsi que ses comptes bancaires.
A la barre, l’homme, approximatif dans ses réponses, a fait démarrer les faits en 2021.
Après l’incendie de sa maison, un ferrailleur serait venu lui proposer « des scellés Enedis (les compteurs Linky peuvent être scellés pour lutter contre la fraude, NDLR) contre 200 euros », avance le prévenu en balbutiant.
Il assure n’avoir « jamais démarché de clients ». Le premier, selon lui, était « un monsieur qui avait eu des accidents de vie » et à qui il dit avoir modifié le compteur gratuitement.
« Pour me remercier, il a dû donner mon numéro à ses amis, et ça a fait boule de neige », explique-t-il, incapable toutefois d’avancer le nombre de compteurs trafiqués et réfutant les faits qui lui sont imputés après juin 2023.
Pour la défense, toutes les pistes menant vers d’autres potentiels fraudeurs n’ont pas été explorées par les enquêteurs.
Me Lucie Teynie a ainsi déploré une « enquête orientée insérant de fausses informations », comme des faits imputés à son clients datant de 2015, « quand les compteurs Linky n’existaient pas », ou à des dates où le prévenu était hospitalisé.
Le délibéré doit être rendu le 19 janvier 2026.
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