Un homme d’affaires chinois soupçonné d’être lié à un centre d’escroquerie extrêmement lucratif en Birmanie a été extradé mercredi par la Thaïlande vers la Chine, a annoncé à l’AFP un responsable de la police à Bangkok.
Accusé de liens avec le centre de jeux et de fraude de Shwe Kokko, une ville birmane, She Zhijiang avait été placé en détention à Bangkok en Thaïlande en 2022, après avoir passé plus d’une décennie à fuir les autorités chinoises qui le recherchaient.
Après une longue bataille légale, un tribunal thaïlandais avait ordonné lundi l’extradition sous 90 jours de l’homme d’affaires de 43 ans, qui détient également la nationalité cambodgienne.
Il a décollé mercredi de l’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok vers 16H30 (09H30 GMT), selon la source policière.
L’homme d’affaires a été escorté de la station de police de l’aéroport jusqu’à son avion avec les mains menottées dans le dos par des policiers armés et masqués, une pratique peu commune en Thaïlande.
Selon une notice rouge d’Interpol publiée en mai 2021 et obtenue par l’AFP, M. She était recherché en Chine pour des faits liés à des opérations de jeux d’argent en ligne et de fraude.
She Zhijiang et son entreprise, Yatai, ont fait l’objet de sanctions de la part des gouvernements britannique et américain.
Washington affirme qu’il a transformé un village situé à la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande en Shwe Kokko, « une ville touristique construite sur mesure pour les jeux d’argent, le trafic de drogue, la prostitution et les escroqueries ciblant des personnes du monde entier ».
Cette ville est l’une des plus tristement célèbres plaques tournantes similaires qui prospèrent dans les régions frontalières en Birmanie, devenues de véritables foyers d’activités illicites depuis le début de la guerre civile dans le pays en 2021.
Ces plaques tournantes sont connue dans le monde entier pour abriter des usines à arnaques sur internet où des travailleurs, dont certains sont victimes de trafic d’êtres humains, escroquent des étrangers par des arnaques sentimentales et commerciales, pour un montant se chiffrant en milliards de dollars chaque année.
Dans des déclarations judiciaires consultées par l’AFP, M. She a nié toute activité criminelle et assuré que sa société n’était qu’un simple « promoteur immobilier ».
Son avocat, Daniel Arshack, a déclaré à l’AFP que les accusations portées contre elle étaient « fabriquées de toutes pièces » et qu’une fois en Chine, « il est probable qu’il sera privé de procédure régulière, torturé et finalement disparaîtra ».
Son avocat thaïlandais, Sunya Eadjongdee, a refusé de commenter la situation mercredi, expliquant qu’une extradition était une affaire confidentielle.
Selon un rapport de l’ONU, les victimes d’escroqueries en Asie de l’Est et du Sud-Est ont perdu jusqu’à 37 milliards de dollars (32 milliards d’euros) en 2023, et les pertes au niveau mondial sont probablement « bien plus importantes ».
Pékin a mené une campagne de pressions internationales pour démanteler les réseaux d’escroquerie, irrité de voir ses citoyens attirés par ce secteur et escroquer d’autres Chinois.
La Chine a condamné à mort cinq personnes ce mois-ci pour leur implication dans un gang criminel violent opérant dans la région de Kokang, en Birmanie.
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