Les services de l’Etat ont réaffirmé que l’électrification de la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-Berre, au nord de Marseille, était une priorité stratégique et demandé à RTE, qui porte un projet controversé de ligne aérienne à très haute tension (THT), de « poursuivre les travaux ».
La Commission nationale du débat public (CNDP, autorité indépendante) avait été chargée d’organiser un « débat global » sur la réindustrialisation de cette zone, après de vives protestations d’ONG, d’acteurs publics ou privés et d’élus locaux comme de parlementaires contre ce projet de ligne à 400.000 volts entre le Gard et les Bouches-du-Rhône.
Mi-septembre, cette commission avait recommandé « d’examiner les solutions alternatives ».
Dans sa réponse à ces conclusions de la commission, document non contraignant juridiquement publié jeudi soir, la préfecture réaffirme l’importance stratégique du « renforcement du réseau électrique pour alimenter la ZIP » et demande à RTE, gestionnaire du réseau électrique à haute tension, de « poursuivre les travaux nécessaires ».
Tout en reconnaissant que les différentes études n’ont « pas pleinement investi les volets environnementaux, paysagers et socio-économiques », le document de 76 pages rappelle que parmi les différentes solutions étudiées – ligne aérienne, souterraine, immergée dans le Rhône ou un mélange des différentes techniques -, le débat a conclu que le projet de RTE était le plus « efficace, notamment en termes de délai de mise en oeuvre, de coût et de disponibilité de puissance ».
Ce passage a fait bondir un des principaux groupes opposés au projet, le Collectif THT 13-30, qui rassemble une trentaine d’associations et défend une solution alternative. Ce document constitue « un rejet de notre proposition alors que nous menons une opposition constructive » au projet qui impacterait notamment des régions viticoles du Gard et une partie du parc naturel régional de Camargue, a commenté un porte-parole, Jean-Laurent Lucchesi.
« L’Etat passe en force et la suite, c’est ce que l’on craignait, c’est-à-dire les tribunaux », a-t-il prévenu, les opposants promettant de multiplier les procédures juridiques.
« Je tords le cou à cette idée, il n’y a aucune décision sur la suite », a déclaré vendredi à l’AFP le nouveau préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Jacques Witkowski. « Le porteur de projet (RTE) nous a présenté différentes hypothèses, il faudra (qu’il) pèse la totalité des enjeux », afin de présenter « le dossier le plus irréprochable sur le plan technique et environnemental » avant le lancement d’une procédure en vue d’une déclaration d’utilité publique, a-t-il précisé.
« Il reste encore un peu de travail sur des questions d’environnement, de tracé, et il faut que le porteur de projet dise pourquoi il écarte une technologie par rapport à une autre », a ajouté le représentant de l’Etat, qui a aussi proposé « la mise en place d’un comité technique qui associera différentes parties ».
Sollicité par l’AFP, RTE n’a souhaité faire aucun commentaire.
La ligne THT est, selon ses promoteurs, une infrastructure essentielle à la sécurisation de l’approvisionnement électrique de la région, ainsi qu’à la décarbonation et la réindustrialisation de la zone de Fos-Berre, une des plus polluantes et émettrices de gaz à effet de serre du pays.
Selon les industriels et l’Etat, les investissements projetés dans cette ZIP pourraient atteindre entre 16,9 et 19,9 milliards d’euros (à 72% privés et 28% publics) d’ici à 2030. Avec à la clé, la création potentielle de 10.000 à 12.000 emplois directs.
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