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Pour sauver ses emplois, un sous-traitant paralyse des usines de Stellantis

Posté le par AFP

Plus aucune pièce de carrosserie ne sort de l’atelier MA France à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en grève depuis le 17 avril pour sauver ses emplois. Une mobilisation qui a pour effet de paralyser trois usines du géant automobile Stellantis.

Sur le piquet de grève, les 280 salariés de MA France ont voté mardi une nouvelle journée sans ligne de production, à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT-FO.

Les pièces automobiles s’entassent dans le vaste entrepôt et les camions des deux principaux clients, Stellantis (80%) et Renault (20%) doivent rebrousser chemin.

MA France, propriété du groupe italien CLM, est « en procédure de cessation de paiement, qui sera actée le 6 mai par le tribunal de commerce de Bobigny », explique Abdel, représentant syndical CGT.

« L’usine va fermer, donc on réclame une indemnité supra-légale de 70.000 euros, un reclassement et des formations pour les ouvriers », énumère le membre du comité social et économique.

Lors d’un premier tour de table, « la direction a parlé de 45.000 euros », selon les syndicats.

Sollicité par l’AFP, MA France n’a pas répondu dans l’immédiat.

– « S’esquinter les mains » –

Avec ses 26 ans d’ancienneté, Jean, assembleur-retoucheur, « ne veut pas partir les mains vides ». « On se bat pour nos emplois, pour nos salaires. On a une famille, des enfants à nourrir », s’inquiète l’ouvrier de 58 ans.

Depuis le début de la grève, Abdel a déjà perdu « 900 euros » sur son salaire. « Ça fait mal », confie le logisticien marocain. « J’ai 60 ans, je veux encore travailler trois-quatre ans pour avoir un minimum pour la retraite ».

La moyenne d’âge des salariés est de 49 ans avec « une vingtaine d’années de boîte à s’esquinter les mains », déplore-t-on côté syndicats.

MA France emboutit à Aulnay-sous-Bois, sur l’ancien site historique de PSA, des pièces essentielles de carrosserie et de châssis pour les petits utilitaires Peugeot ou Citroën, pour les SUV Opel Mokka et DS3 Crossback, et aussi pour Renault.

La mobilisation a pris de court la direction et enraye depuis une semaine la production de Stellantis sur trois de ses usines: Poissy (Yvelines), Hordain (Nord) et Luton (Angleterre).

Un porte-parole du groupe automobile a toutefois assuré mardi que les sites allaient rouvrir dans les prochains jours.

« Les lignes de production ne peuvent pas reprendre sans eux (MA France, ndlr) », assure néanmoins Farid Borsali, secrétaire général SUD Stellantis à Poissy. « Il est impossible de produire des voitures, c’est du pur bluff », insiste-t-il.

– « Délocalisation du secteur automobile » –

Une délégation d’une vingtaine de personnes de l’usine de Poissy a fait le déplacement à Aulnay-sous-bois pour soutenir la mobilisation, ainsi que de nombreux élus du département comme la députée LFI Nadège Abomangoli ou le sénateur PCF Fabien Gay.

« C’est une fierté de voir des ouvriers en grève », se réjouit M. Borsali pour qui « Stellantis est en partie responsable car c’est le donneur d’ordre. Tavares (le directeur général) est en train de perdre des millions chaque jour de grève. »

MA France est « pieds et poings liés à Stellantis car les moules appartiennent au groupe automobile qui assure 80% de sa production », indique un responsable qui craint une fermeture proche de site « d’ici à septembre, le temps que celle en Turquie se mette en route ».

Stellantis doit en effet commencer en 2025 l’assemblage de ses nouveaux utilitaires dans une usine turque.

« On assiste à une délocalisation du secteur automobile », dénonce Kamel Brahmi, secrétaire général CGT 93. « MA France est la dernière usine automobile de Seine-Saint-Denis. Le site de PSA à Saint-Ouen est en train de se transformer en hôpital. On veut fermer toutes les usines de France pour transformer le pays en plateforme logistique », dénonce le syndicaliste.

Selon Stellantis, MA France « rencontre des difficultés structurelles de compétitivité qui le handicapent dans l’acquisition de nouveau marchés. Le contexte inflationniste (matière, main d’oeuvre, énergie) impacte d’autre part sa rentabilité ».

A l’entrée du l’usine, une large banderole avec le portrait de Carlos Tavares porte l’inscription « Tu mets 280 familles au chômage ».

we-tsz/bfa/liu

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