Taïwan a estimé que les manoeuvres militaires chinoises à tirs réels de lundi et mardi, pour simuler son blocus maritime avaient échoué, malgré le déploiement par Pékin de dizaines d’avions de combat et de navires.
« En ce qui concerne leur intention d’imposer un blocus, je crois que nos garde-côtes ont déjà précisé que ce blocus n’avait en réalité pas eu lieu », a ainsi déclaré à la presse Hsieh Jih-sheng, un haut responsable chargé du renseignement au ministère taïwanais de la Défense.
« La Chine fait fi des attentes de la communauté internationale en matière de paix et sape délibérément la stabilité régionale avec son intimidation militaire. C’est une provocation flagrante contre la sécurité régionale et l’ordre international et j’exprime ma plus ferme condamnation », avait réagi le président taïwanais, Lai Ching-te, tout en promettant que Taïwan n’allait pas « aggraver les tensions ».
L’Union européenne, l’Allemagne et la France ont exprimé mardi séparément leur inquiétude et se sont déclarées attachées à la « stabilité » internationale.
« La paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan sont d’une importance stratégique pour la sécurité et la prospérité régionales et mondiales », a affirmé une porte-parole de la diplomatie européenne, Anitta Hipper, appelant Pékin à la « retenue ».
Les manoeuvres militaires chinoises « accroissent les tensions » et « nuisent à la stabilité dans le détroit de Taïwan », a réagi la diplomatie allemande.
La France suit « avec préoccupation » ces manoeuvres et appelle « l’ensemble des parties à s’abstenir de toute escalade », a déclaré mardi le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
– 130 avions et 50 navires –
Des journalistes de l’AFP présents à Pingtan, l’île chinoise la plus proche de l’île principale de Taïwan, ont vu une salve de projectiles exploser dans les airs vers 09H00 (01H00 GMT), laissant derrière eux des traînées de fumée blanche.
Au moins dix ont été tirés en succession rapide, produisant un bruit assourdissant qui a attiré les touristes vers le front de mer pour prendre des photos et des vidéos avec leurs téléphones.
Les autorité taïwanaises en ont pour leur part recensé mardi 27.
« A 09H30 (01H30 GMT), le 30 décembre, les forces terrestres du Commandement des zones orientales de l’APL ont effectué des exercices de tirs réels de longue portée dans les eaux au nord de l’île de Taïwan et ont obtenu les effets escomptés », a de son côté écrit l’armée chinoise dans un communiqué.
Tandis que le ministère taïwanais de la Défense a dit avoir au total détecté au moins 130 avions militaires et plus de 50 navires chinois autour de Taïwan.
Il s’agit du nombre le plus élevé d’avions chinois signalés en une seule journée depuis le 15 octobre 2024.
La Chine a annoncé dans la matinée avoir déployé des destroyers, des frégates, des chasseurs et des bombardiers « pour procéder à des exercices d’identification et de vérification, d’alerte et d’expulsion, des simulations de frappes, d’attaques de cibles maritimes, ainsi que d’opérations antiaériennes et anti-sous-marines ».
– « Simulations de frappes » –
Dans un communiqué, le commandement du théâtre d’opérations Est de l’Armée populaire de libération a souligné que ces manoeuvres dans les eaux au nord et au sud de Taïwan avaient permis de « tester les capacités de coordination air-mer et de blocus et de contrôle intégrés ».
Il a diffusé une carte montrant les cinq espaces au large des côtes taïwanaises où étaient prévus des « tirs à munitions réelles » jusqu’à 18H00 mardi (10H00 GMT).
La chaîne de télévision d’Etat CCTV a expliqué que l’un des principaux objectifs des exercices baptisés « Mission Justice 2025 » était de simuler le « blocus » de ports taïwanais stratégiques, notamment ceux de Keelung dans le nord et de Kaohsiung dans le sud.
« Nous devons (…) contrer avec force les provocations incessantes des forces indépendantistes à Taïwan et les importantes ventes d’armes américaines à Taïwan », a martelé à Pékin le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Il a averti que toute tentative visant à empêcher l’unification de la Chine et de Taïwan se solderait « par un échec ».
Le porte-parole de son ministère, Lin Jian, a qualifié les manoeuvres de « réponse punitive aux forces séparatistes indépendantistes taïwanaises et d’action nécessaire pour défendre la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale ».
« Unification de la mère patrie! », a crié à l’unisson à Pingtan un groupe de femmes âgées qui posaient pour une photo, ont constaté les journalistes de l’AFP.
Certaines des zones désignées par la Chine pour ces manoeuvres se trouvaient à moins d’une vingtaine de kilomètres de Taïwan, qui a été informé que Pékin avait décrété une « zone de danger temporaire » pour une durée de dix heures mardi.
– Exercices taïwanais en réponse –
Plus de 857 vols intérieurs, internationaux et de transit, devaient être affectés dans la journée.
Dans le même temps, les garde-côtes taïwanais ont dépêché 14 bâtiments pour procéder au « suivi » des navires chinois.
Des opérations d’entraînement se sont déroulées en réponse aux manoeuvres chinoises, dont une dans la région de Taipei axée sur le déploiement d’obstacles fluviaux et la rapidité d’intervention des troupes, selon l’agence de presse militaire taïwanaise.
La population taïwanaise affichait son calme.
« On y est habitués », a ainsi tempéré Chiang Sheng-ming, un marchand de poisson de 24 ans, sur un marché de la capitale.
« Ce ne sont que des gestes d’intimidation. S’ils attaquaient Taïwan, ils en paieraient le prix », a renchéri Tseng Chang-chih, un vendeur de fruits de 80 ans.
La veille, le président américain avait aussi dit ne pas être préoccupé par ces manoeuvres, clamant « ne pas croire » que son homologue chinois Xi Jinping puisse ordonner une invasion.
La Chine considère Taïwan comme faisant partie de son territoire et menace de recourir à la force militaire pour s’en emparer.
Les tensions dans le détroit ont été ravivées par une vente d’armes de Washington à Taipei mi-décembre, la deuxième depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, pour 11,1 milliards de dollars au total, montant le plus important depuis 2001.
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