L’urbanisation est aujourd’hui au cœur des préoccupations environnementales. Alors qu’elle existe depuis des millénaires, elle ne cesse de s’accélérer depuis la révolution industrielle. À l’échelle mondiale, il est prévu qu’entre 2000 et 2030 l’équivalent de la surface de la ville de Paris soit urbanisé chaque jour, soit un total d’environ 1,5 million de km2 en 30 ans. Historiquement, les stratégies d’aménagement urbain ont très peu pris en compte les sols comme une ressource et ont engendré leur dégradation. De plus, les nombreuses activités humaines exigent des sols urbains qu’ils assurent diverses fonctions (e.g., support de bâtiments et infrastructures, support de végétal et de biodiversité, stockage et filtration de l’eau et des polluants), les rendant spatialement très hétérogènes, avec des évolutions temporelles rapides. En dépit du potentiel important qu’elle représente en termes de levier pour un développement durable des villes, la capacité des sols à rendre des services écosystémiques (e.g., régulation de la biodiversité ou de la qualité de l’eau) est encore très peu considérée dans les projets d’aménagement urbain.
Afin de permettre aux sols urbains d’assurer des services écosystémiques, l’un des leviers d’actions est le maintien, voire l’augmentation, de la quantité de matière organique dans les sols (MOS). En effet, la MOS joue un rôle prépondérant et positif sur la fertilité physique (agrégation, aération, rétention en eau, développement racinaire), chimique (pouvoir tampon, régulation du pH) et biologique (activité et diversité microbienne, animale et végétale) des sols. De plus, comme l’expliquent Pierre Barré et Lauric Cécillon dans l’article de référence « Potentialités de stockage de carbone dans les sols » (réf. [GE 1 061]), la MOS est principalement composée de carbone (C) (en moyenne 58 %) : les phénomènes de stockage/déstockage du C organique dans les sols (COS) ont donc un effet direct sur la concentration en CO2 dans l’atmosphère, et par conséquent, sur le climat.
Étudier les stocks de MOS, et de facto de COS, dans les sols urbains devient primordial, au vu de l’urbanisation croissante. Les sols urbains, au même titre que les sols agricoles et naturels, constituent en effet une ressource essentielle mais limitée et non renouvelable aux échelles de temps humaines. Or, l’intérêt porté aux sols urbains par la communauté scientifique n’est que très récent (depuis les années 1990 en France). L’une des limites dans l’étude de ces sols est due à leur forte hétérogénéité spatiale et temporelle, rendant encore difficile toute généralisation. Ainsi, les connaissances actuelles sur les stocks de COS dans les sols urbains reposent principalement sur des études de cas ponctuelles. Que sait-on alors de ces sols et de leur capacité à stocker du COS ?