En 2019, l’Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem (IPBES) appelé aussi « GIEC de la biodiversité » estimait le rythme d'extinction des espèces de 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel d'extinction. Cette érosion accélérée de la biodiversité est quasi exclusivement liée aux activités humaines. Les cinq causes majeures de cette érosion sont aujourd’hui identifiées : la disparition et la fragmentation des écosystèmes, la surexploitation des espèces sauvages, l'introduction d'espèces exotiques envahissantes, les pollutions et le changement climatique.
La disparition et la fragmentation des écosystèmes sur le territoire national sont en partie liées au développement, depuis les années soixante, des infrastructures linéaires de transport terrestre notamment lorsque la perméabilité de ces dernières pour les espèces sauvages n’était pas assurée. Aujourd’hui, même si les nouveaux projets d’infrastructures sont bien moins nombreux et que la prise en compte des milieux naturels ne cesse de s’améliorer, l’impact de nouvelles coupures vient souvent renforcer le niveau de fragmentation existant.
L'aménagement du territoire passe désormais par le maintien des continuités écologiques existantes lors de la conception de nouveaux projets mais également par la restauration, sur les infrastructures en place, des fonctionnalités écologiques terrestres, aquatiques et semi-aquatiques interrompues par le passé. Des solutions adaptées pour chaque type de faune, respectueuses du comportement des espèces et des enjeux du territoire, peuvent ainsi être mises en place, il s’agit notamment des passages pour la faune. Les prescriptions (de solutions techniques et de dimensionnements) ne seront pas de même nature s’agissant d’une infrastructure neuve ou d’une infrastructure à requalifier.
Quel que soit le cas de figure, toutes les techniques présentées dans cet article nécessitent des études détaillées, dans le respect des procédures réglementaires, notamment environnementales (Natura 2000, loi sur l’eau, espèces protégées…). L’association d’un écologue à l’équipe de maîtrise d’œuvre, y compris en phase travaux, est primordiale pour assurer la fonctionnalité de l’aménagement.
L’entretien et/ou la gestion du patrimoine ainsi constitué est le gage d’un maintien en bon état dans le temps de l’aménagement, ce qui garantit également son efficacité.
Même si les connaissances sur le comportement de la faune sauvage augmentent et malgré les retours d’expériences dont le Cerema dispose, il n’en reste pas moins que la fonctionnalité des aménagements mis en place doit être suivie selon un protocole partagé et adapté aux enjeux locaux et à la question posée (le passage à faune sert-il d'habitat… ? permet-il de relier deux populations situées de chaque côté de la route… ?). Les résultats de ce suivi, qui peut être envisagé à plus ou moins long terme, permettront d’adapter si nécessaire le dispositif, participeront à enrichir les connaissances et à formuler des recommandations améliorées.
Nota
un guide intitulé « Préservation et restauration des continuités écologiques dans le cadre d'un projet d'infrastructure linéaire de transport – Guide technique des passages à faune » a été publié en 2021 par le Cerema.