L’utilisation de l’eau de pluie dans le bâtiment consiste généralement à collecter l’eau de pluie interceptée par toute ou une partie de la toiture, à la stocker au sein d’une cuve située au sein ou à proximité du bâtiment, à partir de laquelle elle est redistribuée vers des usages ne requérant pas la qualité d’une eau potable. Cette technique ancestrale, qui avait disparu des villes avec l’avènement des réseaux centralisés d’adduction d’eau potable, est réapparue au cours des 20 dernières années – moyennant quelques adaptations – en tant que pratique architecturale de développement durable. Ce retour à l’utilisation de l’eau de pluie est une tendance lourde, observable sur tous les continents. En France, elle s’est traduite tout d’abord par la construction de réalisations expérimentales avant que n’émerge en 2008 une réglementation spécifique et technique sur le sujet. Il est désormais possible d’utiliser les eaux de pluie issues de toitures inaccessibles pour certains usages ne requérant pas une qualité d’eau potable. Toutefois, la réalisation correcte de toute installation d’utilisation des eaux de pluie – qu’elle soit sommaire (destinée à un arrosage saisonnier) ou complexe (avec une utilisation de l’eau collectée à l’intérieur du bâtiment) – passe par le respect de dispositions techniques spécifiquement formalisées dans l’arrêté et dans différents documents d’accompagnement des acteurs. Sa conception peut également être pensée dans une approche plus large de gestion des eaux pluviales à l’échelle de la parcelle associée au bâtiment.
En se basant sur l’état des connaissances actuelles, cet article décrit en détail ces différents aspects dans une approche se voulant pratique afin de répondre aux attentes d’un public large, aussi bien professionnel (ingénieurs, architectes, aménageurs, collectivités territoriales…) qu’académique (enseignants et étudiants). Il est structuré en cinq parties. La première dresse un état des lieux général du développement actuel de cette pratique au niveau international et plus précis à l’échelle du territoire français. La seconde partie fait une description analytique de la réglementation française sur le sujet – en s’arrêtant plus en détail sur l’arrêté du 21 août 2008. Sont également évoqués la norme NF P 16-005, le guide technique de l’ASTEE et la plaquette réalisée par les ministères de santé et de l’environnement. Une comparaison de la réglementation française avec celle en vigueur dans d’autres pays est également menée. En troisième partie, les principes, les différentes fonctions techniques mis en œuvre pour la réalisation des installations sont détaillés. En quatrième partie sont présentées les prescriptions techniques à respecter et les méthodes présidant à un dimensionnement en phase avec les usages visés. La dernière partie décrit différentes configurations d’installations d’utilisation de l’eau de pluie permettant de contribuer à la gestion des ruissellements urbains.