Le calcul de tuyauteries industrielles constitue une des applications pratiques du calcul par éléments finis de type filaire (« poutre »). Les spécificités des tuyauteries sont prises en compte en particulier via les coefficients de flexibilité, ayant un rôle de réducteur d’inerties, et les coefficients intensificateurs de contraintes qui majorent a posteriori les contraintes calculées en fonction de la nature de l’élément étudié.
Parmi les tuyauteries, un petit nombre doit faire l’objet d’une vigilance particulière : il s’agit des tuyauteries du circuit primaire des centrales nucléaires, dites de niveau 1.
Le caractère très sensible de ces tuyauteries peut rendre nécessaire le déploiement de moyens de calculs puissants (modélisation 3D, analyse élastoplastique), mais dans la majorité des cas les calculs sont réalisés dans le domaine élastique avec des éléments filaires.
Néanmoins, des règles plus précises et complètes sont mises en place dans les codes, et des phénomènes physiques additionnels doivent être intégrés à l’analyse. En particulier, l’estimation des contraintes maximales, ou plus précisément de leur amplitude maximale de variation, doit englober les effets des gradients thermiques associés à la diffusion de la chaleur à travers l’épaisseur de la tuyauterie.
Une partie de cet article est donc consacrée à la présentation de ces gradients thermiques, sur lesquels est appliqué un procédé de linéarisation permettant de les décomposer en trois parties distinctes, correspondant à autant de types de contraintes. On distinguera ainsi la partie linéarisée (variation linéaire à travers l’épaisseur) induisant une contrainte de flexion, la partie non linéarisée n’ayant que des effets localisés, et la valeur moyenne sans effet en l’absence de discontinuité majeure (changement de section ou de matériau). Les équations retiennent par la suite une partie ou l’ensemble de ces effets, en fonction de leur objectif, qui peut être la vérification du comportement élastique de l’installation, ou la justification vis-à-vis de la fatigue. Dans ce dernier cas, tous les effets des gradients thermiques sont retenus.
La fatigue est un phénomène complexe, pour lequel de nombreuses incertitudes existent. La méthode employée dans les calculs de tuyauteries repose sur la technique du calcul de facteur d’usage, quantifiant les dommages subis par l’installation. Il s’agit d’étudier les variations d’états imposant le plus de contraintes, puis d’y associer un maximum d’occurrences (nombre de cycles), afin de maximiser le dommage.
L’exemple de la dernière section de cet article présente de façon complète la méthodologie de calculs, appliquée sur un point situé à l’interface d’un changement de section, donc sur un point de discontinuité majeure. Cet exemple comprend sollicitations sismiques (partie inertielle, dite primaire, et partie secondaire), transitoires thermiques et calculs de fatigue.