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Décryptage

L’hythane, carburant du futur ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

Au terme de plusieurs années de tests, GDF SUEZ et la Communauté Urbaine de Dunkerque ont dressé un bilan de l’utilisation de l’hythane, un carburant composé à 80 % de gaz naturel et à 20 % d’hydrogène. Une réponse possible aux questions d'indépendance énergétique, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de pollution locale.  

La sévérité des normes de pollution locale pour les véhicules (Euro I, II, III…), ainsi que les pressions croissantes liées aux enjeux du réchauffement climatique incitent les constructeurs à toujours plus d’innovations sur les modes de combustion, les systèmes de post-traitement ou même les carburants. La filière GNV (Gaz Naturel Véhicule) s’est développée fortement, notamment pour les applications sur des bus et des bennes à ordures ménagères, car elle présente des avantages certains en termes de réduction des polluants locaux et des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, comme l’ont montré différentes expériences étrangères, l’ajout d’hydrogène dans le gaz naturel doit permettre d’obtenir de meilleures performances techniques et environnementales. Agissant pour l’émergence de transports propres et pour l’intégration des énergies renouvelables à ce secteur, la direction Recherche de GDF SUEZ et la Communauté Urbaine de Dunkerque ont, en 2005, avec l’appui de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), lancé le projet Althytude (L’Alternative Hydrogène dans les Transports Urbains à Dunkerque). Cette expérimentation qui a consisté  à faire circuler deux bus DK’Bus Marine du réseau dunkerquois, circulant habituellement au gaz naturel, avec un carburant innovant composé à 80 % de gaz naturel et à 20 % d’hydrogène (hythane), s’est achevé en septembre 2010. Elle a permis de tester et de suivre le fonctionnement des équipements sur toute la chaîne, depuis la production de l’hydrogène jusqu’à son utilisation. Une première en France. Au total, les véhicules ont parcouru 40 000 kilomètres chacun et transporté des passagers pendant un an.

Diminution des émissions de GES et de NOx

Après cinq ans de tests, la Communauté Urbaine de Dunkerque et GDF SUEZ, associés à leurs partenaires (ADEME, GNVert, Irisbus Iveco, Véolia Transport, École Centrale de Marseille, Hydrogenics) viennent de présenter  les résultats de l’expérimentation. Ceux-ci montrent que ce carburant permet d’obtenir des bénéfices immédiats pour l’environnement. En effet, l’hydrogène améliore la combustion de gaz naturel, ce qui permet d’atteindre de meilleures performances techniques et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (diminution d’environ 8 % par rapport au GNV) et les émissions de polluants locaux (réduction des NOx de 10 % par rapport au GNV). Le bilan carbone est d’autant plus amélioré que l’hydrogène est produit sur site : l’électrolyseur qui décompose l’eau et produit l’hydrogène peut être alimenté en électricité d’origine renouvelable (éolien, biomasse…). Le carburant hythane permet de réduire la consommation énergétique et apporte un agrément de conduite reconnu par les conducteurs de bus. Des essais récents, menés dans le cadre du projet européen Naturalhy, ont permis de visualiser la propagation de la flamme de mélanges de gaz naturel (en fait du méthane pur) et d’hydrogène et de montrer une augmentation sensible de la vitesse de flamme, signifiant une combustion rapide et plus stable. Par ailleurs, pour les collectivités déjà équipées d’une station GNV, l’hythane est applicable aux technologies existantes : GNVert a pu, sans difficulté, adapter la station GNV de Dunkerque en y installant une station de production hydrogène d’une capacité de 120 m3 par jour. Par ailleurs, l’adaptation des moteurs des bus GNV à  l’hythane n’a demandé que de légères adaptations.

A quand la commercialisation de l’hythane ? 

Le mélange de gaz naturel et d’hydrogène a des propriétés voisines de celles du gaz naturel dont les risques sont connus et maîtrisés. À ce jour, aucun accident, mineur ou  majeur,  n’a  été  référencé  dans le  cadre  des  démonstrations, passées ou en cours, menées à l’étranger (Montréal et Vancouver au Canada, Palm Springs et Las Vegas aux USA, Malmö en Suède). Aucun incident de fonctionnement de bus hythane, ou accident dont l’origine serait spécifique à ce carburant, n’a été signalé. À l’heure où le Grenelle de l’Environnement projette une réduction de 20 % des émissions de CO2 dans le secteur des transports d’ici 2020 et l’intégration de 10 % d’énergies renouvelables parmi les carburants utilisés, le carburant hythane répond aux nouveaux enjeux de l’écomobilité et propose une solution concrète permettant d’intégrer dès aujourd’hui l’hydrogène parmi les carburants, avec des technologies éprouvées. Au-delà de ses qualités propres, le GNV peut constituer une passerelle vers les énergies renouvelables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre au service des collectivités locales. Cette expérimentation pourrait ouvrir la voie à une éventuelle introduction commerciale de l’hythane dans les transports publics français.
 

 

 

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