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Décryptage

L’exploitation des gaz de schiste plus polluante que celle du pétrole ou du charbon ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

Quelques jours après les déclarations du premier ministre François Fillon, qui avait sans équivoque annoncé la remise en cause des autorisations concernant l’exploitation de gaz de schiste, une étude menée par Robert Howarth, de l'Université de Cornell aux États-Unis, laisse perplexe.

En effet, dans cette étude publiée en ligne par le site Climate Change Letters, les chercheurs concluent que « l’empreinte du gaz de schiste est plus importante que celle du gaz conventionnel ou du pétrole, quelle que soit l’échéance, mais en particulier sur vingt ans, et est comparable sur 100 ans ».

Toujours selon les auteurs, c’est le méthane, un gaz ayant un fort impact en termes d’effet de serre, qui est le facteur principal d’émissions. Le méthane contenu dans les roches schisteuses s’échappe dans l’atmosphère lors de la fracturation de ces dernières.

Or, le méthane est un GES (Gaz à Effet de Serre) ayant un impact environ vingt fois plus important que le CO2. Mais contrairement au CO2, sa durée de vie dans l’atmosphère est relativement courte : le méthane ne « dure » qu’une dizaine d’années dans l’atmosphère, contre un siècle pour le CO2.

L’étude menée à l’université de Cornell  a estimé que sur l’ensemble de la durée d’exploitation d’un puits, entre 3,6 et 7,9 % de la production de gaz s’échappe dans l’atmosphère sous forme de méthane.

Alors que les industriels du secteur présentent l’exploitation des gaz de schiste comme une alternative beaucoup moins polluante que celle du charbon ou du pétrole, cette étude n’est pas la première à mettre en avant les corollaires de l’exploitation de ces gaz non conventionnels. Le documentaire « Gasland », nommé aux Oscars, a été vécu comme un choc et une prise de conscience aux États-Unis. Aussi, des rapports de l’EPA, l’agence américaine de protection de l’environnement, publiés par le New York Times, faisaient état du manque de visibilité et de l’inadaptation des centrales de traitement et de potabilisation des eaux usées liées à l’exploitation de ces gaz.

Aucun procédé « propre » d’exploitation n’existe pour le moment

On sait aujourd’hui que les États-Unis sont les « champions » de l’exploitation des gaz de schiste, puisque cette dernière représente plus de 50 % de la production totale de gaz outre-Atlantique. En France, le gouvernement est en train de faire passer en procédure d’urgence une proposition de loi visant à interdire au sens strict l’exploitation des gaz de schiste.

Du côté des industriels, on juge cette décision précipitée, alors que le prix de l’essence explose. Mais au-delà, l’exploitation « propre » des gaz de schiste n’est pas une chimère, à en croire Gérard Mestrallet, PDG de GDF SUEZ : « Conclure que jamais, on ne pourra mettre au point des technologies propres permettant d’exploiter des gaz de schiste, il y a un pas en tant que scientifique que je ne franchirai pas. » Bruno Courme, directeur de Total Gas Shale Europe, la filiale du groupe pétrolier dédiée au gaz de schiste, va même plus loin, se disant « certain de pouvoir proposer une exploitation « propre» des gaz de schiste».

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, c’est la méthode mise en place par le groupe texan Haliburton qui prévaut pour l’exploitation des gaz de schiste. Cette méthode, l’hydrofracturation, consiste à injecter un mélange comprenant 95 % d’eau à haute pression dans la roche pour la fracturer et récupérer le gaz qui s’en échappe.
Mais cette méthode nécessite des quantités d’eau astronomiques, et les composants ajoutés à l’eau injectée sont très polluants.

C’est la raison pour laquelle les associations de défense de l’environnement se mobilisent en France depuis de nombreux mois pour dénoncer ces pratiques et alerter l’opinion sur le sujet.
La position hexagonale sur le sujet est d’ailleurs pour le moins originale, puisque nos partenaires européens, comme l’Allemagne, la Suède ou le Danemark exploitent d’ores et déjà les gaz de schiste, à l’instar des États-Unis ou de la Chine. C’est la raison pour laquelle les entreprises françaises du secteur prospectent désormais à l’étranger.

Par Pierre Thouverez

 

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