Des peines de prison ferme ont été requises mercredi à Paris contre trois des sept hommes jugés pour le cyberharcèlement du député LFI Aly Diouara.
À la barre, les prévenus ont plaidé la « bêtise » face à un élu, traité sur X de « nègre de maison » ou « de bonobo », venu raconter sa crainte que « quelqu’un passe à l’acte ».
Costume sombre et lunettes noires, le parlementaire de Seine-Saint-Denis a décrit le « sommeil affecté » et la perte de poids causés par cette « déferlante ».
« C’est ce que j’incarne qui est pris à partie », souffle Aly Diouara, racontant comment la haine numérique s’est muée en menaces physiques, par courriers ou appels masqués, l’obligeant à se lever la nuit pour « vérifier que la porte est fermée ».
Frédéric B., informaticien au chômage, en pull gris, a timidement reconnu avoir tweeté « TG bamboula » car il était « mal luné ». « Derrière un écran, on se sent invulnérable », a admis cet homme vivant chez sa mère.
À ses côtés, Eric L., cheveux longs et pull blanc, a nié avec aplomb tout racisme dans son message sur la « vermine », invoquant la critique politique, tout comme François L., chauffeur VTC, qui a juré que le terme « bonobo » visait la « stupidité » et non la couleur de peau.
Pour les quatre présents, du sursis a été demandé.
Les prévenus absents à l’audience ont écopé des réquisitions les plus lourdes, huit mois pour l’un et six mois pour les deux autres.
Fustigeant « haine en meute » et « racisme décomplexé », la procureure a réclamé de la prison ferme contre trois d’entre eux, dont huit mois contre Stéphane Z., profil socialement isolé et auteur d’appels à la « remigration ».
La défense a tenté de minimiser des actes isolés, l’avocate de Frédéric B. invoquant « trois followers » pour contester la notion de harcèlement.
Une stratégie inaudible pour la partie civile. À la sortie de l’audience, Aly Diouara a regretté l’absence de « profonds regrets » chez des prévenus.
Pour son avocate, Me Victoire Stephan, ces réquisitions de trois peines fermes sont toutefois « à la hauteur des attentes » pour envoyer un « message clair » : l’anonymat en ligne ne protège pas ceux qui ciblent les élus « en raison de leur origine ».
Le jugement a été mis en délibéré au 5 février.
djb/mat/dro
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