EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une « première mondiale » pour l’électricien.
Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l’équipement sera « mis en service très prochainement », a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s’agit d' »un gros alternateur qui tourne à vide » et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.
Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.
Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l’autonomie énergétique d’ici 2035, doit intégrer davantage d’énergies renouvelables, dont l’intermittence ne fournit pas cette sécurité. « L’éolien et le photovoltaïque (…) n’apportent pas cette inertie qu’on recherche dans un système électrique: c’est le rôle du compensateur », souligne encore Hugo Gevret.
Son rotor en rotation permanente imite l’inertie mécanique d’une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l’énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.
L’investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d’euros. La machine doit « faire économiser cinq millions d’euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2 », précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu’ici pour stabiliser le système, elle n’émet aucun gaz à effet de serre.
Ce dispositif constitue pour l’électricien une « première mondiale », a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d’EDF. Selon elle, d’autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d’offres ont été lancés.
L’archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l’énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.
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