Une France morcelée avec des littoraux saturés et inaccessibles mais aussi une « diagonale du vide » en déshérence: face à ce constat alarmant, l' »Atlas du logement » appelle à « recréer les conditions de l’attractivité » économique avant toute rénovation massive.
Cette étude cartographique inédite du groupe immobilier Icade, filiale de la Caisse des dépôts et consignations, révèle une vacance structurelle qui s’enkyste durablement dans les territoires ruraux et post-industriels, de la Meuse aux Landes.
Dans ces zones en déclin, l’offre de logements est abondante mais obsolète.
Si la réhabilitation du bâti ancien est souvent présentée comme la solution miracle pour revitaliser ces centres-bourgs, elle se heurte sur le terrain à une équation économique impossible.
Le coût de production d’un logement est souvent supérieur au prix de vente et au prix du marché lui-même », souligne auprès de l’AFP Charles-Emmanuel Kühne, directeur général d’Icade Promotion, prévenant que sans le retour préalable de l’emploi et des services, la rénovation reste une chimère financière.
« Il faut d’abord recréer les conditions de l’attractivité du territoire », insiste le dirigeant, rappelant que le logement ne peut être la seule variable d’ajustement d’une politique d’aménagement.
À l’autre extrémité du spectre, l’Atlas met en lumière la saturation extrême des zones touristiques.
Le Pays basque incarne cette fracture territoriale: l’explosion des résidences secondaires y a fait flamber les prix, déconnectant totalement le marché immobilier des revenus locaux.
Dans ces territoires attractifs, la pression touristique chasse progressivement les travailleurs essentiels et les jeunes ménages vers l’intérieur des terres, créant une pénurie de main-d’oeuvre faute de toits abordables.
Cette paralysie guette également les nouveaux eldorados industriels, où le choc de la demande percute une offre inexistante.
L’étude pointe l’absurdité de la situation à Dunkerque : alors que l’État finance à coups de milliards la réindustrialisation via des « gigafactories », la construction de logements est au point mort.
Ce décalage aboutit à une situation ubuesque où des usines sortent de terre mais peinent à recruter, car les futurs salariés ne trouvent aucune solution d’hébergement pérenne, grippant de facto la mécanique économique.
Cette inadéquation frappe enfin les seniors, qui représentent plus de 20% de la population.
Souvent propriétaires de pavillons devenus des passoires thermiques et inadaptés à leur perte d’autonomie, ils se retrouvent piégés loin des centres-villes.
Pour l’expert, la réponse passe par la « transformation chirurgicale » de bâtiments existants, comme d’anciens bureaux, pour les rapprocher des services.
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