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Paris, Rome et Berlin tentent d’accorder leurs violons sur une politique industrielle européenne

Posté le par AFP

Est-ce que l’Europe peut se doter d’une vraie politique industrielle pour résister à la concurrence croissante de la Chine et des Etats-Unis? Les ministres de l’Economie des trois premiers pays industriels de l’UE, Allemagne, France et Italie, ont tenté lundi d’accorder leurs violons.

Le Français Bruno le Maire voudrait imposer une préférence européenne pour 50% des achats publics, l’Allemand Robert Habeck s’est déclaré ouvert pour sa part à l’imposition de critères « qualitatifs » sur les normes qui pourraient de facto aider l’industrie européenne.

Entre libre-échange et protectionnisme, le ministre des entreprises et du Made in Italy Adolfo Urso, a pour sa part tenté une synthèse en affirmant que « l’économie européenne, fondée sur les consommateurs », doit désormais « devenir une économie basée sur les producteurs ».

« Nous ne voulons pas que l’Europe (industrielle) devienne un musée à ciel ouvert », a lancé M. Urso devant la presse après la réunion trilatérale qui se tenait dans l’ancien « hangar Y » de Meudon, au sud-ouest de Paris, premier hangar à dirigeables du monde, devenu un musée récemment rénové.

De fait, l’objectif de la réunion était de tenter de coordonner les positions pour « renforcer la compétitivité et la productivité de l’industrie européenne » et « orienter » pour « les cinq prochaines années » la politique de la prochaine Commission qui sortira des urnes l’été prochain.

Cette trilatérale avait lieu pour la troisième fois, après une première réunion sur les approvisionnements de l’UE en métaux critiques, et une deuxième sur l’intelligence artificielle. Une quatrième aura lieu en octobre – novembre 2024 « probablement à Berlin, selon le ministre allemand.

– « tabou » –

« Le déficit commercial Chine-Europe a été multiplié par trois en 20 ans, en passant de 100 milliards d’euros à 300 milliards d’euros », a lancé le ministre français Bruno Le Maire.

Reconnaissant qu’il n’y avait « pas encore d’accord » entre les trois pays pour établir une préférence européenne dans l’attribution des marchés publics, M. Le Maire a expliqué son souhait que les appels d’offre imposent « 40, 50 ou 60% de contenus européens », ou « des normes de qualité », ou « des normes environnementales » pour soutenir la production sur le vieux continent.

M. Le Maire et ses homologues ont aussi évoqué la nécessité de simplifier les normes et règles européennes.

Le Français s’est à nouveau dit favorable à la mise en place d’une directive omnibus dès le lendemain des élections européennes pour éliminer les normes inutiles, simplifier les règles comptables et administratives des PME et ETI.

Au cours de la réunion, »il y a eu un accord franco-allemand clair pour remonter le seuil de 250 à 500 salariés » des entreprises concernées par certains reporting comptables ou extra-comptables imposés par l’Union européenne, a-t-on indiqué à Bercy.

Dans un prudent communiqué commun, les trois ministres ont estimé que la politique industrielle de l’UE « devait combiner un soutien ciblé aux industries stratégiques tout en favorisant un niveau élevé de concurrence dans le marché unique et en réduisant les charges administratives pour les entreprises ».

M. Habeck, dont les propos étaient traduits par un interprète, a souligné qu’il aimerait encourager la Commission européenne à développer « des critères clairs » d’application des normes.

« Il s’agit de savoir quels sont les critères qualitatifs que nous voulons respecter en Europe », a-t-il dit, en soulignant que le « tabou » de la mise en place d’une politique industrielle européenne est désormais levé.

« On imaginait que les marchés allaient se réguler tous seuls et qu’il ne fallait pas réglementer, on estimait que l’offre et la demande allaient se charger (…) de trouver un équilibre, et l’on voit bien que cela n’était pas le cas », a-t-il affirmé.

Enfin, selon M. Le Maire, les trois pays souhaitent aussi « harmoniser l’achat commun de matières premières », comme le nickel, « et le statut de déchet, absolument essentiel pour le recyclage et pour renforcer notre autonomie ».

Les trois fonds nationaux récemment créés pour les approvisionnements en métaux critiques « pourraient tout à fait commencer de travailler ensemble » avant les élections européennes, indique-t-on à Bercy.

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