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Prix de l’énergie, concurrence internationale: l’industrie européenne broie du noir

Posté le par AFP

Des pans entiers de l’industrie européenne autrefois dominants, chimie et plasturgie, métallurgie ou automobile, sont désormais concurrencés de façon critique par d’autres pays, notamment la Chine, et souffrent du prix de l’énergie, d’un manque de visibilité et d’une insuffisante solidarité continentale.

– « Leader mondial » liquidé

Cruel contraste. Début 2019, la banque publique d’investissement française, Bpifrance, se réjouissait d’une belle levée de fonds de la start-up Ynsect, en route pour devenir « le leader mondial des protéines alternatives ».

Après une pandémie, une inflation inédite depuis 40 ans et une flambée des coûts de l’énergie, il ne reste plus grand chose de ces ambitions: Ynsect a été liquidée cette semaine, après s’être déjà séparée début juin des trois quarts de ses salariés.

Au-delà de ce cas, la « réindustrialisation » mise en avant par les gouvernements successifs depuis l’arrivée du président Emmanuel Macron marque clairement le pas en France depuis 2024.

– « Décrochage structurel »

Si la France est particulièrement touché en raison de l’instabilité politique qu’il traverse – les projets industriels nécessitent de la visibilité -, il est loin d’être le seul.

Début décembre, la première fédération industrielle d’Allemagne a qualifié de « décrochage structurel » le recul de la production industrielle du pays.

Et le cabinet du ministre délégué à l’Industrie français Stéphane Martin a évoqué vendredi une fin d’année « extrêmement dure et compliquée pour l’industrie européenne dans son ensemble », y compris pour des bastions historiques.

La fédération de l’industrie chimique et pharmaceutique allemande a alerté d’un niveau de production au plus bas depuis 30 ans, tandis que le français Arkema a dit début novembre observer « des différences de dynamique très fortes » en matière de compétitivité entre les différentes zones géographiques où il est présent.

La plasturgie aussi se dit « au bord du gouffre ». Outre les coûts de l’électricité et du gaz, l’organisation professionnelle Plastics Europe a fustigé une « réglementation environnementale plus exigeante qu’ailleurs », des coûts salariaux « élevés » et des prix tirés à la baisse par la concurrence internationale.

– Puissance chinoise

Dans la plupart des cas, cette concurrence a le visage de la Chine, qui redirige vers l’Europe des volumes qui trouvent moins de débouchés aux Etats-Unis.

Un symbole: pour la première fois en 2025, l’Union européenne va importer de Chine plus de voitures qu’elle n’en exportera, selon les équipementiers (Clifa).

L’ambition du pays de devenir une superpuissance industrielle n’est pas nouvelle. Elle a produit en 2024 plus d’un milliard de tonnes d’acier, près de 55% du total mondial, contre 130 millions dans l’Union européenne, selon le lobby européen Eurofer, qui déplore que le pays écoule une partie de sa production sur le continent à bas prix.

Mais la domination chinoise n’est pas qu’une question de volumes ou de coûts : plusieurs sources soulignent aussi sa montée en gamme.

Pour Anaïs Voy-Gillis, chercheuse à l’IAE de Poitiers, le pays « a démontré sa capacité à répondre à des demandes complexes dans de nombreux secteurs d’activité ». En face, « il faut s’assurer que l’industrie européenne soit performante ». Elle pourrait parfois l’être davantage, estime-t-elle.

– Réponse incertaine

Les appels à l’aide ne restent pas sans réponse. La Commission européenne a présenté un « plan acier » visant à réduire les quotas d’acier étranger pouvant être importés sans droits de douane, et des mesures d’aide pour l’automobile sont attendues.

Dans ce domaine, la France appelle à une « préférence européenne », pour « encourager à produire en Europe une part significative de la valeur ajoutée du véhicule » ou des composants clés.

Mais ces mesures ne font pas consensus, et plusieurs sources craignent des effets pervers.

Les industries utilisatrices d’acier, membres de la Fédération des industries mécaniques (FIM), redoutent par exemple une hausse des prix et une perte de compétitivité si le plan acier de la Commission européenne, « par nature inflationniste », entre en vigueur.

Les céréaliers se sont aussi inquiétés d’une explosion du prix des engrais avec l’application du mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (MACF), censé soumettre les produits importés à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux industriels européens.

De manière générale, « ces mécanismes portent sur l’amont de la chaîne de valeur, pas sur des produits finis, et peuvent donc être contournés », par exemple par une première transformation hors d’Europe, met en garde Mme Voy-Gillis.

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