Un mur submergé de 120 mètres de long, ainsi qu’une dizaine de structures plus petites construites par l’Homme il y a environ 7.000 ans, ont été découverts au large de l’île de Sein (Finistère), a-t-on appris jeudi auprès des scientifiques.
« C’est une découverte très intéressante qui ouvre des perspectives en archéologie sous-marine, pour permettre de mieux comprendre comment étaient organisées les sociétés littorales », a indiqué à l’AFP Yvan Pailler, professeur en archéologie à l’Université de Bretagne occidentale (UBO) et coauteur d’un paru dans l’International Journal of Nautical Archaeology.
C’est Yves Fouquet, géologue retraité de l’Ifremer et originaire de l’île de Sein, qui a remarqué ces structures étranges en 2017 sur des cartes bathymétriques -cartes du relief de l’océan- réalisées grâce au Lidar, un rayon laser permettant de mesurer les fonds marins par avion avec une très grande précision.
« Au début, j’ai gardé ça sous le coude: je n’y croyais pas trop, je me disais que c’étaient des artefacts du Lidar », a-t-il raconté à l’AFP, confirmant des informations du quotidien Le Monde.
Puis M. Fouquet demande à des plongeurs de la Société d’archéologie et de mémoire maritime (SAMM) d’aller vérifier sur place. Au cours d’une soixantaine de plongées entre 2022 et 2024, des plongeurs confirment la présence de onze structures en granit construites par l’homme, dont la plus grande mesure 120 mètres de long et 21 mètres de large à sa base.
« Du point de vue de l’exposition aux tempêtes, aux vagues, au courant, on est dans un milieu extrême. Les archéologues ne s’attendaient pas à trouver des structures aussi bien préservées dans un environnement aussi exposé », souligne M. Fouquet.
Datées entre 5.800 et 5.300 ans avant J.C., ces structures, immergées sous 9 mètres d’eau, ont été construites à une époque où le niveau de la mer était beaucoup plus bas qu’aujourd’hui.
Il pourrait s’agir, selon les chercheurs, de pièges à poissons construits sur l’estran, ou de murs de protection contre la montée de la mer. Yvan Pailler évoque même l’hypothèse d’un piège pour la chasse.
Dans leur article, les scientifiques soulignent que les structures les plus importantes « n’ont pas d’équivalent connu en France pour cette période ».
Ces constructions dénotent « une capacité technique et une organisation sociale suffisantes pour extraire, déplacer et ériger des blocs pesant plusieurs tonnes, dont la masse est similaire à celle de nombreux mégalithes en Bretagne », pointent-ils.
Ce « savoir-faire technique » des habitants de Sein aurait donc précédé les premières constructions mégalithiques de plusieurs siècles, à l’image des alignements de Carnac (Morbihan) érigés vers 4.500 avant J.C.
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