Il y a un géographe en herbe dans tout homme qui explore et manipule les cartes. Cela est d’autant plus vrai aujourd’hui que la carte est partout dans notre société numérique. On crée, traite, analyse la carte dans des buts précis : établir un itinéraire routier, suivre son itinéraire par le système de localisation mondiale de positionnement par satellite GPS (Global Position System) tout en conduisant, trouver un chemin de randonnée correspondant à nos attentes et usages. De ce fait, la carte fait partie de notre quotidien.
Les buts de la carte en Santé sont de cartographier et analyser les mobilités et habitudes de consommation de soins, de modéliser des aires d’attraction hospitalières, de surveiller des maladies infectieuses et non infectieuses. Grâce à la géolocalisation, la carte permet de suivre également en temps réel des patients et alarmes, gérer les ambulances et les ressources humaines médicales. Depuis les années 1980, on utilise le terme « géomatique » issu de la contraction des mots « géographie » et « informatique ». C’est un regroupement de méthodes et outils informatiques visant à collecter, mesurer, organiser, analyser et représenter, dans le sens de modéliser, l’information géographique. Les systèmes d’information géographique sont désignés comme les principaux outils et logiciels de la géomatique. Leur objectif est de fournir un environnement informatique global permettant d’intégrer l’information géographique au sein de bases de données.
L’émergence de la géomatique en Santé s’inscrit dans le contexte de traitement en temps réel des gros volumes de données spatiales. Principalement, depuis une quinzaine d’années, les domaines d’application sont liés à la gestion hospitalière, à l’épidémiologie et à la télésanté qui relèvent de la Santé publique.
L’offre de Santé doit se répartir de façon homogène pour éviter les inégalités d’accès géographiques sur le territoire. La géomatique devient une réponse et prend son essor avec la télésanté, les nouveaux outils, les implications décisionnelles et la recherche opérationnelle.
Cependant, il existe des limites aux partages et à la diffusion des données de santé malgré la directive européenne INSPIRE (INfrastructure for SPatial InfoRmation in the European Community) et l’ouverture des données (open data), en raison des informations directement ou indirectement nominatives et des enjeux politiques et financiers sur les territoires. La spécialité géomatique en Santé est encore peu représentée car elle se situe au carrefour de plusieurs disciplines.
La transparence de l’offre et de la consommation de soins sur le territoire devient un enjeu stratégique. L’ouverture aux publics de toutes les ressources disponibles en Santé (humaines, techniques et matérielles) passe par la mise à disposition d’outils dédiés, simplifiés et normalisés.
La géomatique en Santé est importante en termes d’aide à la décision. Elle répond aux problématiques de Santé publique abordées dans les domaines appliqués : gestion hospitalière, géo-épidémiologie et télésanté. La géomatique appliquée en Santé contribue à alimenter, en méthodes et outils, les créations innovantes pour l’information géographique. Dans ce cadre, l’analyse spatiale apporte de la valeur ajoutée opérationnelle en Santé.
La carte en Santé devient le moteur pour la création de nouveaux atlas : atlas en ligne et e-géo-plates-formes en ligne. Ces atlas intègrent des états descriptifs sanitaires, sociaux ou médico-sociaux sur un territoire, des modèles géomarketing (gestion hospitalière), comme illustré par l’outil PoleSat® (PoleSat pour Pôles Sanitaires issu du projet de recherche du même nom).
La géomatique ouvre des perspectives en termes de formation et de nouveaux métiers dans le développement, le traitement et l’analyse des données. Cela a permis l’éclosion de solutions géomatiques géo-décisionnelles performantes (Hoscare©) centrées sur le monde de la Santé.
Les établissements de Santé et leur équilibre budgétaire dépendent de leur capacité à répondre à la demande de soins et à adapter leurs offres de soins. L’enjeu devient préoccupant à l’heure où les dépenses de Santé sont de plus en plus contraintes à la réduction. Par conséquent, des choix stratégiques en termes de planification sanitaire doivent être effectués pour maintenir, déplacer ou concentrer des activités de soins sur un territoire et ainsi répondre aux contraintes budgétaires.