Notre Pays vit depuis la dernière crise de 2008 une période de mutation économique majeure. Les destins des différents pays de notre civilisation apparaissent à l’observateur de plus en plus entrelacés, dans une sorte de trajectoire commune. Ce qui est vrai chez nous semble être vrai ailleurs, la seule différence pourrait être la façon d’appréhender les problématiques auxquelles nous sommes confrontés.
L’histoire nous rappelle que toute action économique de création, de destruction, et de partage de valeur, se positionne dans un temps et dans un espace.
Cet article a l’ambition de mobiliser le concept de temps dans l’interprétation des cycles de destruction créatrice, théorisés par les économistes Joseph Schumpeter et Nikolaï Kondratieff .
Le temps n’est pas entendu en tant que simple durée calendaire, mais plutôt en tant que « vague » (Kondratieff wave) ou « cycle de destruction créatrice » (selon l’interprétation schumpetérienne).
Ces cycles sont générés par une ou plusieurs innovations radicales qui génèrent autour d’elles des grappes d’innovations de second ordre. Tout nouveau cycle d’innovation est lié à une période spécifique de l’histoire économique et comporte une première phase de croissance atteignant un effet dit « plateau », ce stade est suivi d’une phase dite de « déclin ». L’histoire économique nous prouve que ces phases sont rythmées par des crises financières mettant en exergue le besoin de changement dans l’intérêt de sa propre entreprise ou de sa propre nation.
L’action de création de valeur est intimement liée à un lieu. Cet « espace économique » est observé sous un angle académique depuis le début du siècle dernier. Alfred Marshall a été un des précurseurs de l’étude du contexte géographique de l’action économique. Marshall rappelle que des spécificités productiques peuvent caractériser des territoires en orientant une communauté dans une sorte d’atmosphère propre au secteur. Presque un siècle plus tard, James Moore théorisera sur la relation entre la construction économique et les structures qui évoluent, grâce à l’ouverture de leurs frontières, à la facilité de communication et de déplacement des marchandises et des hommes, et à l’arrivée de l’informatique qui promet dès ses débuts un monde connecté et étendu en « forme de toile ». Nous devons à Moore l’idée de « mise en mouvement » des parties prenantes, ses théories mettent en perspective le concept de district dans la complexité de l’écosystème d’affaires (E.S.A.).
Cet article s’intéresse au district et à l’ESA en tant que lieu d’interaction entre des acteurs, autrefois géographiquement figés et contraints dans leurs intérêts économiques.
La nouvelle économie de l’après-crise 2008 semble se caractériser par le digital. Cette innovation, distinctive de la 3e révolution industrielle et développée par la 4e, ouvre de nouveaux contextes d’analyse. Nous percevons dans notre quotidien que notre géographie devient « éphémère » et « utopique » (dans son acception étymologique grecque).
Les territoires se digitalisent, de nouveaux partenariats deviennent alors possibles.
Le nouveau monde déforme les coopérations existantes au nom d’une modernisation des échanges et d’une « culture à projet » qui dépasse le simple know-how technique.
Il ne s’agit plus simplement de bien faire, mais d’être présent directement, ou par partenaire interposé, là où il le faut avec le bon contenu. L’équation de la rentabilité de l’action en résulte complexifiée.
Une nouvelle culture multi-scalaire apparaît.
Dans ce contexte, un sentiment d’urgence nous impose une remise en question des fondamentaux de nos actions socio-organisationnelles, et l’univers de la construction n’échappe pas à ces observations.
Cet article propose une mise en cohérence entre les opportunités offertes par un « nouveau modèle économique » et l’univers du bâtiment, réalité souvent tachée de lenteur évolutive.
Le pas à franchir semble bien important, tout en demeurant possible à condition de passer du constat à l’action.
L’ambition de cet article est de proposer une lecture structurée de la question en présentant des clefs de lecture du contexte global.