Le thorium fut considéré dès le début du développement de l'énergie nucléaire comme un combustible potentiel pouvant éventuellement compléter voire même se substituer à l'uranium dont on craignait à l'origine la grande rareté naturelle. En fait, comme nous allons le voir dans cet article, le thorium ne peut pas constituer une véritable alternative à l'uranium car contrairement à celui-ci, il ne possède pas d'isotope « fissile » par des neutrons lents, mais il permet simplement d'en générer un, l'uranium 233 (U-233), par capture neutronique dans un réacteur nucléaire. Or, cet élément artificiel ainsi créé, qui est relativement stable (période radioactive de 160 000 ans), est un excellent isotope fissile pour les réacteurs « thermiques ». Il est même meilleur que l'uranium 235 (U-235) ou le plutonium 239 (Pu-239), d'où l'intérêt potentiel du thorium en tant que noyau « fertile ». C'est la raison pour laquelle, le cycle au thorium a toujours fait l'objet d'études significatives à travers le monde dont nous donnerons un aperçu dans cet article. Nous examinerons également les avantages et inconvénients de l'utilisation du thorium en réacteur ainsi que les défis technologiques qu'il faudrait surmonter pour une mise en œuvre industrielle du cycle au thorium.