Les matériels sont parfois utilisés dans des conditions d’environnement très sévères où, en particulier, l’humidité et une température élevées prédominent (30 C et 85 % d’humidité relative peuvent être des valeurs moyennes). Ces contraintes entraînent des dégradations à plus ou moins long terme, par des effets soit directs, soit indirects si des synergies existent (exemples : le développement des moisissures, la corrosion, l’électromigration).
L’opération consistant à protéger les matériels contre les agressions dues à des séjours ou à des utilisations dans des environnements sévères est généralement appelée « tropicalisation ». Ce terme est impropre, puisqu’il semble signifier que les matériels sont protégés pour un fonctionnement dans des zones tropicales (zones où l’humidité n’est généralement pas élevée).
En fait, la tropicalisation constitue la protection pour des utilisations dans des environnements climatiques sévères que l’on peut rencontrer aussi dans des régions tempérées (par exemple, dans des milieux industriels particuliers, teintureries ou sucreries).
Les conditions de température et d’humidité élevées existent dans certains milieux artificiels et dans les zones équatoriales. Si un matériel doit fonctionner dans une salle climatisée à 23 C et à 40 % d’humidité relative située dans une zone équatoriale, il n’y aura aucune raison de le tropicaliser. En revanche, un équipement en fonctionnement dans une teinturerie sera tropicalisé. L’environnement du lieu où sera utilisé le matériel est à prendre en compte dans une large mesure, mais la seule analyse du climat local est insuffisante pour décider si le matériel doit être tropicalisé : il est nécessaire de tenir compte de son utilisation. En plus de ces conditions d’utilisation, il faut aussi analyser celles du transport et du stockage avant la mise en service ou pendant les opérations de maintenance (par exemple, état du matériel de climatisation). Un matériel qui risquerait d’être exposé à des contraintes de température et d’humidité relative élevées uniquement pendant son transport n’aurait pas besoin d’être tropicalisé si l’on a prévu un emballage suffisamment étanche et un dessicateur à l’intérieur de celui-ci pour éviter l’accumulation d’humidité. De plus, il n’aura pas, en général, le temps de s’altérer.
La tropicalisation des matériels n’est donc pas réservée à ceux qui fonctionnent dans des zones équatoriales, mais est destinée aussi à des milieux naturels ou artificiels dans lesquels certaines contraintes climatiques sont prédominantes.
L’opération de tropicalisation peut être relativement onéreuse. Il y a donc lieu d’être prudent afin d’éviter un surcoût des matériels. Par contre, l’absence de tropicalisation peut être néfaste, parfois à très court terme.
Les matériels doivent être protégés contre les effets de diverses contraintes dont les principales sont la chaleur, l’humidité, les micro-organismes et les cyclages thermiques.
Deux cas vont se présenter lorsque l’on aura besoin d’un matériel tropicalisé : soit l’on dispose d’un matériel standard et on le traite spécialement, soit l’on conçoit un objet tropicalisé. Les deux approches sont très différentes, même si les résultats sont théoriquement identiques. Une modification d’un matériel standard peut être suffisante lorsque les conditions d’environnement sont simples à identifier (petit nombre de contraintes supplémentaires). Par contre, dans le cas d’un environnement très sévère (chaleur humide, variations de température de grande amplitude, milieu ambiant corrosif), les modifications risquent d’être très importantes et, en conséquence, il est préférable de concevoir un autre produit.
Afin de comprendre quelles protections apporter aux matériels pour les tropicaliser, il faut analyser les mécanismes d’action des environnements sévères. Ces deux aspects sont étudiés après un inventaire des contraintes d’environnement motivant le recours à la tropicalisation et les principaux essais de vieillissements accélérés utilisés pour juger de l’efficacité d’un traitement de tropicalisation sont ensuite répertoriés.