Les ondes électromagnétiques (EM) térahertz (THz) correspondent au domaine spectral situé entre l’infrarouge lointain et les hyperfréquences. Bien qu’exploré depuis les travaux initiaux de Rubens au début du XXe siècle, les difficultés techniques ont longtemps freiné les études et le développement technologique à ces fréquences. Cela peut s’expliquer simplement par des raisons physiques. Dans les domaines optique et infrarouge, l’onde électromagnétique incidente induit des dipôles moléculaires dans la matière (courant de déplacement), et l’on traduit la réponse électromagnétique de la matière par les notions de permittivité et donc d’indice de réfraction. La détection des ondes se réalise par absorption et en particulier par photogénération de porteurs. Dans le domaine hyperfréquence, la réponse électromagnétique prépondérante est celle des électrons libres (courant de conduction) et nombre de dispositifs sont métalliques pour faciliter l’écoulement de ces courants de conduction. Par exemple, l’onde est détectée grâce aux courants induits dans des antennes. Dans le domaine térahertz, courants de conduction et de déplacement sont du même ordre de grandeur, et les techniques optiques et hyperfréquences perdent en efficacité. Ainsi, les sources de rayonnement térahertz sont moins puissantes, compactes ou faciles à utiliser que les sources optiques et hyperfréquences. De même, la détection térahertz est rendue difficile par la faible énergie des photons térahertz, qui est typiquement 5 à 10 fois plus faible que l’énergie thermique à température ambiante. Enfin, l’atmosphère terrestre (au niveau de la mer et dans des conditions normales : 20 °C, 50 % d’humidité) est peu transparente au-delà de 1 térahertz : atténuation supérieure à 1 dB/m, avec de nombreux pics de forte absorption (de l’ordre de 20 dB/m) dus aux résonances de la vapeur d’eau. Néanmoins, l’étude du domaine térahertz a été relancée et facilitée à la fin des années 1980 grâce à l’émergence de nouvelles techniques et technologies, tout d’abord optoélectroniques, puis basées sur la montée en fréquence des composants électroniques ou le développement de nouveaux composants nanométriques. Cet effort de recherche est stimulé, au-delà de la recherche académique, par les nombreuses applications entrevues.