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Décryptage

Plus de nucléaire et d’ENR, moins d’énergies fossiles !

Posté le par Matthieu Combe dans Énergie

Le bilan électrique 2014 de RTE vient de sortir. Les principaux enseignements sont les suivants: entre 2013 et 2014, la part du nucléaire dans la production d’électricité est passée de 73,3% à 77%, la part du charbon a reculé de 58 % et les émissions de CO2 ont connu une chute historique de 40 %.

En 2014, la production nette d’électricité atteint 540,6 térawattheures (TWh), soit une baisse de 1,8 % par rapport à 2013. Mais la consommation française baisse davantage, – 6 % entre 2013 et 2014, passant à 465,3 TWh. C’est le plus faible niveau de consommation mesuré depuis 2002 ! Avec une consommation plus faible, due principalement à une météo extrêmement clémente, cela a permis de booster notre solde exportateur vers les autres pays européens, à hauteur de 65,1 TWh, contre 47,2 TWh en 2013.

Après correction des aléas météorologiques, la consommation française pour 2014 s’établit à 474,1 TWh, en baisse de 0,4 % par rapport à 2013. Les mesures d’efficacité énergétique sur les équipements et bâtiments, ainsi que la baisse de la part de marché du chauffage électrique dans le bâtiment neuf suite à l’application de la Règlementatin Thermique 2012 commencent donc à montrer quelques résultats.

Recul du charbon et du gaz

Fin 2014,  les capacités installées de centrales thermiques utilisant des combustibles fossiles (charbon, fioul et gaz) sélèvaient à 24,4 gigawatts (GW) pour une production de 27 TWh. Elles étaient respectivement de 25,6 GW et 44,7 TWh fin 2013. Entre 2013 et 2014, le parc de production installé en France a perdu 1,2 GW de centrales au charbon, 65 mégawatts (MW) de fioul et gagné 9 MW de gaz.

Entre 2013 et 2014, si les centrales thermiques  utilisant des combustibles fossiles n’ont perdu que 5 % de puissance installée, leur production a baissée de 39,6 %. Alors que le recours au charbon avait augmenté de 14% en 2013, la production des centrales au charbon a diminué de 58,2 % en 2014. Du côté du gaz, la production baisse encore de 28,2 % en 2014, la baisse précédente étant de 18,9 %. La production des centrales au fioul a aussi baissé de 10,5 % en 2014, amplifiant la baisse de 19,2 % déjà observée en 2013. En 2014, ces centrales thermiques à combustible fossile n’ont assuré que 5 % de la production d’électricité française.

Selon RTE, la baisse considérable du recours au charbon s’explique par la fermeture de nombreuses centrales, pour respecter la réglementation européenne en matière d’émissions de CO2 entrée en vifueur au 31 décembre 2014. Mais ce sont surtout les conditions météorologiques clémentes qui expliquent la baisse considérable d’utilisation des combustibles fossiles. En absence de températures froides prolongées, les centrales thermiques n’ont pas été appelées. Cela se vérifie par le pic de consommation de 2014 qui est le plus faible observé depuis 2004. Le maximum de consommation a été enregistré le 9 décembre à 19h, avec une puissance de 82,5 GW utilisée, contre 102,1 GW appelés le 18 février 2012 et 92,6 GW le 17 février 2013.Les émissions de CO2 ont ainsi connu une chute historique de 40 %, se portant à 19 millions de tonnes d’équivalent CO2.

Augmentation du nucléaire et des énergies renouvelables

Fin 2014, la puissance installée des centrales électriques françaises s’élevait à 128,9 GW, en hausse de 0,5 % par rapport à 2013. Le nucléaire représentait 63,1 GW de puissance installée, l’hydraulique 25,4 GW, l’éolien 9,1 GW, le photovoltaïque 5,3 GW et les autres sources d’énergies renouvelables 1,6 GW.

La production nucléaire est en forte reprise par rapport à 2013. La puissance installée du parc nucléaire est restée inchangée entre 2013 et 2014, mais les réacteurs ont assuré 77 % de la production d’électricité en 2014, contre 73,3 % en 2013. Leur production nette s’élève à 415,9 TWh en 2014, contre 403,7 TWh en 2013. La disponibilité du parc nucléaire s’est donc améliorée.

Alors que le projet de loi sur la transition énergétique va bientôt être examiné au Sénat, cette hausse de production d’électricité d’origine nucléaire doit être surveillée. Les programmations pluriannuelles des l’énergie devront notamment prendre en compte cette augmentation récente pour s’assurer du respect des engagements du projet de loi pour la transition énergétique. Selon cette loi, la part de l’électricité d’origine nucléaire doit passer à 50 % en 2025.

Parallèlement, on note une reprise du développement des filières éolienne et photovoltaïque par rapport aux cinq dernières années. En 2014, le parc a gagné 963 MW d’éolien, 926 MW de photovoltaïque et 92 MW d’autres énergies renouvelables. Ces niveaux s’éloignent des niveaux minimaux de développement observés en 2013 pour l’éolien (621 MW installés) et pour le photovoltaïque (646 MW installés). Mais avec un facteur de charge inférieur, le parc éolien ayant produit en moyenne à 22,6% de sa capacitté contre 23,2% fin 2013 et une production hydraulique en baisse de 9,7%, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité atteint 18 %, contre 18,6 % en 2013. En revanche, la part issue de l’ensemble des sources d’énergies renouvelables atteint 19,5 %, de la consommation d’électricité française contre 19,3 % en 2013. Pour la première fois, la production des énergies renouvelables, hors hydraulique, devance la part de la production thermique fossile, avec 28 TWh d’électricité produite.

Quelle capacité pour quelle production?

Le nucléaire représente 49 % de la puissance installée du parc français, mais 77 % de l’électricité produite. Les systèmes thermiques à combustible fossile représentent 18,9 % du parc installé, mais seulement 5 % de la production. L’hydraulique représente 19,7 % du parc installé, mais 12,6 % de la production. Cette année, la disponibilité du parc nucléaire a été très bonne, alors que l’utilisation du parc thermique a été beaucoup plus faible pour les raisons que nous avons détaillées. Grâce à de bonnes précipitations, la production hydraulique est restée élevée, bien qu’en recul de 9,7 % par rapport à l’année dernière.

Lorsque l’on considère les énergies renouvelables intermittentes, les écarts entre puissance installée et production sont beaucoup plus importants. Si l’éolien représente 7,2 % de la puissance installée, le parc représente 3,1 % de la production d’électricité. Avec 4,1 % de la puissance installée, le parc photovoltaïque ne constitue que 1,1 % de la production.

Ce petit panorama montre l’importance du marché de capacité qui est en train d’être mis au point pour assurer l’équilibre offre-demande, même en cas d’hiver très rigoureux. Il devrait permettre de rémunérer les centrales thermiques indispensables à cet équilibre en période de pointe, même lorsqu’elles ne sont pas appelées pour éviter leur mise sous cocon par manque de rentabilité.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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