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Décryptage

La crise : bonne ou mauvaise pour le climat ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

[Tribune] Laurence Royer

La crise économique et financière que nous traversons aujourd’hui est-elle une chance pour le climat ? Elle est susceptible de changer les comportements à l'égard de la société de consommation et donc d'ouvrir la voie à des évolutions qu'il est essentiel d'analyser.

La crise économique et financière que nous traversons aujourd’hui est-elle une chance pour le climat ? Elle est susceptible de changer les comportements à l’égard de la société de consommation et donc d’ouvrir la voie à des évolutions qu’il est essentiel d’analyser.La consommation de produits manufacturés est indirectement responsable du changement climatique car pour produire un objet, quel qu’il soit, il faut extraire la matière première, la transformer, la modeler, puis transporter l’objet là où il sera acheté et utilisé. La crise économique, en diminuant la consommation, diminue la production et donc les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, en France la demande de charbon pour la sidérurgie a reculé de 13 % sur les douze derniers mois, ce qui équivaut à un million de tonnes de charbon en moins. Les premières estimations montrent que, pour l’union européenne, les émissions de CO2 ont diminué d’environ 6 % en 2008 et diminueront de la même manière pour 2009.

La crise peut participer à augmenter les émissions
Mais cette baisse s’arrêtera au moment où la croissance reprendra. Et après ? Sur le long terme, la crise peut mettre la production de gaz à effet de serre sur une trajectoire plus polluante que celle suivie avant 2008. En effet, le faible prix des énergies fossiles et les difficultés financières peuvent inciter les entreprises et les ménages à moins investir dans les technologies propres, augmentant ainsi le besoin en énergie fossile et par là même, accroissant les émissions de CO2. Par exemple, aux Etats-Unis, la vente de voitures hybrides a diminué de 46 % alors que celle des voitures thermiques n’a chuté que de 34 %.  De plus, il existe aussi un risque que les préoccupations économiques mondiales entraînent une baisse de l’intérêt pour le climat. Alors que les capitales européennes, et notamment Paris, estiment que la situation actuelle est l’occasion d’accélérer des changements nécessaires, le Conseil européen de printemps des 19 et 20 mars n’a trouvé aucun moyen de financer la lutte contre le changement climatique en vue du rendez-vous de Copenhague.Les discussions ont été principalement tournées vers la situation économique et financière. De plus, en France, les mille projets de relance retenus pour bénéficier de l’investissement public ontété choisis pour leur capacité à démarrer immédiatement. Ils sont sensés accélérer l’activité et favoriser l’embauche mais ils oublient des objectifs à plus long terme tel que la lutte contre le réchauffement climatique ou la transformation des modes de consommation pourtant affichés par Paris.

La crise impacte les comportements
Il faut aussi prendre en compte le comportement des consommateurs. La crise impacte les comportements de trois manières différentes :
  •  Les consommateurs dépensent moins dans les biens durables retardant le déploiement d’une nouvelle génération d’équipement plus efficaces.
  •  Ils sont moins disposés et capable de payer plus cher pour des biens plus écologiques d’autant que leurs revenus et le prix de l’énergie diminuent.
  •  Ils prennent plus soins de leurs biens, et donc achètent moins.
Une autre tendance est aussi apparue que la crise seule n’explique pas : un phénomène de saturation vis-à-vis de la société de consommation. Pendant cette période de restriction, les ménages ont expérimentés « le système D » et la réflexion avant un achat. Alliés aux discours sur l’écologie, ils ont changé leurs mentalités : ils s’aperçoivent que cela ne les rends pas moins heureux. Il y a trois ans, 60 % des Français consommaient par nécessité et non par plaisir contre, 84 % aujourd’hui. Si ce comportement reste durable, la crise ne sera un élément favorable dans la lutte contre le réchauffement climatique que si les états mettent en place des politiques favorisant l’écologie : la taxe carbone en serait-elle le premier pas ? 

Sources :
  • A. CARASCO,S. MAILLARDet C.REBUFFEL. ( 26/11/2008). Ledéveloppement durable est aussi une réponse à la crise ,[en ligne]. Adresse URL : www.la-croix.com 
  • YannCOHIGNAC. (21/03/2009). Conseileuropéen : c’est mal parti pour Copenhague ,[en ligne]. Adresse URL : http://www.developpementdurable.com/politique/2009/03/A1233/conseil-europeen-cest-mal-parti-pour-copenhague.html  
  • HélèneTOUTCHKOV. (7/04/2009). Criseéconomique : la consommation énergétique française en baisse ,[en ligne]. Adresse URL : http://www.developpementdurable.com/conso/2009/04/A1378/crise-economique-la-consommation-energetique-francaise-en-baisse.html
 Laurence Royer est étudiante à l’Ecole Centrale de Paris. Elle a été primé au concours organisé par SIA-Conseil, L’Expansion et RTE sur le thème Energies et Avenir.

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