Cyberattaques : Prague convoque l'ambassadeur russe

Le ministre tchèque des Affaires étrangères a annoncé lundi avoir convoqué l’ambassadeur de Russie à Prague après une vague de cyberattaques attribuées à des hackeurs soutenus par Moscou.

« J’ai décidé de convoquer l’ambassadeur russe en raison des cyberattaques contre les institutions et les infrastructures essentielles tchèques », a déclaré à l’AFP Jan Lipavsky.

« Nous avons demandé à la Fédération de Russie de s’abstenir de ce comportement, qui est contraire aux normes des Nations unies et à ses propres obligations », a-t-il poursuivi.

Plusieurs pays européens, dont l’Allemagne et la Pologne, ont affirmé la semaine dernière avoir été la cible de cyberattaques de la part de hackeurs russes soutenus par Moscou.

« La République tchèque est une cible » et est « perçue par la fédération de Russie comme un pays ennemi », avait déclaré le ministre tchèque de l’Intérieur, Vit Rakusan, ajoutant que les infrastructures de son pays avaient enregistré « plusieurs dizaines » d’attaques de ce genre.

Les Etats ciblés ont mis en cause le groupe APT28, également connu sous le nom de Fancy Bear, qui a des liens avec le renseignement militaire russe, le GRU.

« Certaines institutions tchèques ont été la cible de cyberattaques exploitant une vulnérabilité inconnue jusqu’alors dans Microsoft Outlook à partir de 2023 », avait précisé le ministère tchèque des Affaires étrangères.

Berlin a accusé les services de renseignement russes d’avoir été à l’origine d’une cyberattaque « intolérable » contre des membres du parti social-démocrate allemand (SPD) l’an dernier. Le gouvernement allemand a annoncé vendredi avoir convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade de Russie à ce sujet.

La République tchèque, qui fait partie de l’UE et de l’Otan, apporte une aide militaire et humanitaire substantielle à l’Ukraine depuis le début de l’attaque russe contre ce pays en février 2022.

La semaine dernière, la police a en outre dit avoir dû classer l’enquête concernant deux explosions dans un dépôt de munitions dans l’est du territoire tchèque en 2014, accusant le GRU de les avoir orchestrées.

Selon elle, la Russie a refusé de coopérer dans l’enquête sur ces explosions, qui ont provoqué la mort de deux employés.

Un rapport du renseignement tchèque sur cette affaire avait entraîné des expulsions massives de diplomates de part et d’autre en 2021.

En mars dernier, le renseignement tchèque a affirmé avoir débusqué un réseau financé par Moscou pour répandre de la propagande favorable à la Russie en Europe, visant en particulier le Parlement européen avant les élections européennes de juin.

Le groupe se servait du site web d’information Voice of Europe dont le siège est à Prague pour diffuser des informations destinées à dissuader l’UE d’envoyer de l’aide à l’Ukraine.