1/ Quel est le bilan carbone du CCUS ?
L’impact carbone est un point fondamental à vérifier. On le mesure à l’aide d’un outil bien connu, l’ACV (analyse du cycle de vie). Cet outil n’est pas toujours facile à manipuler, en particulier en ce qui concerne les périmètres considérés dans l’analyse. Lorsque l’on capture du CO2, qu’on le transporte et qu’on le séquestre, l’effet global est décarbonant. Il y a en effet une réduction assez importante, via la séquestration, par rapport à l’émission directe de ce CO2 dans l’atmosphère. Cependant, il y aura tout de même de faibles émissions ; ce ne sera pas suffisant pour être complètement neutre en CO2. La réduction des émissions se calcule donc par ACV. Chaque action (compression, transport, fabrication du bateau, injection du CO2) émet du CO2. Sur un site industriel, il y aura une réduction très importante des émissions SCOP1 par la capture du CO2, un avantage fort pour la décarbonation. Ensuite, en fonction des différents procédés et de l’origine de ce CO2 (fossile ou biogénique), l’ACV pourra être très différente. Il convient donc de bien mesurer la véritable décarbonation effectuée.
2/ Quel niveau de décarbonation peut-on atteindre ? 2:02
Sur un site industriel, le procédé va être conçu de manière à capturer 90 à 95 % des émissions de CO2. Sur la chaîne de valeur d’un projet comme celui de Northern Lights, l’ACV montre que, pour une tonne de CO2 transportée dans le bateau et injectée dans le pipeline jusqu’au sous-sol, un peu plus de 90 % du CO2 est piégé. On n’émet pas plus de CO2 que ce que l’on séquestre, mais il reste toujours des émissions résiduelles, liées à l’activité industrielle autour, qui n’est pas complètement décarbonée. Le CCUS permet donc de réduire mais pas d’arrêter les émissions de CO2.
3/ Quel levier supplémentaire offre la capture du CO2 biogénique ? 3:04
Le CO2 fossile vient d’un stock terrestre ; on veut éviter qu’il aille dans l’atmosphère. Le CCS consiste à le capturer et le remettre dans un stock terrestre. Le CCU (utilisation) permet de produire, par exemple, un carburant synthétique pour l’aviation, et donc d’éviter d’avoir à utiliser un autre CO2 fossile. Il y aura donc une baisse des émissions. L’impact est le plus fort lorsque l’on utilise du CO2 biogénique. Ce dernier a été capté par les plantes, depuis l’atmosphère, puis travaillé, dans la méthanisation ou les chaudières biomasse par exemple. Au moment où il est réémis, il est plus concentré que dans l’atmosphère. On va pouvoir ainsi appliquer un procédé de capture et utiliser ce CO2 pour fabriquer des carburants synthétiques (l’impact de décarbonation sera plus fort qu’avec du CO2 fossile), ou bien on va pouvoir le séquestrer. On aura ainsi fait le chemin inverse depuis l’atmosphère vers le sous-sol. Le CO2 biogénique est la même molécule que le CO2 fossile, mais son parcours et son impact en termes de décarbonation sont tout à fait différents.
