Pourquoi utiliser la réalité virtuelle en formation et comment développer des environnements virtuels de formation ?
Cet article propose des réponses à ces deux questions. Il positionne les réponses apportées dans le contexte particulier de la formation professionnelle actuelle et prend en compte les difficultés pédagogiques nouvelles auxquelles sont confrontés les professionnels de la formation. Plutôt que de s’attacher à la technique, il appréhende la réalité virtuelle comme un média afin de montrer comment la réalité virtuelle ouvre des perspectives nouvelles dans le champ de la formation. Il s’appuie sur des concepts clés, présente des produits existants illustrant des démarches d’utilisation et propose des axes techniques d’ingénierie spécifique.
Le secteur de la formation professionnelle est relativement récent. Il s’est progressivement développé et structuré depuis la fin de la dernière guerre mondiale. La reconstruction de la France, puis les Trente Glorieuses ont mis à jour des besoins sans précédent en main-d’œuvre qualifiée. Poussées par des urgences économiques et des contingences de coûts, les démarches de formation ont été accélérées et rationalisées. Les progrès de la psychologie puis le développement des sciences de l’éducation ont largement contribué à ces développements.
Plus récemment, les évolutions du monde industriel ont déstabilisé ce dispositif tant du point de vue de l’organisation du travail (la fin du taylorisme, de la simplification et de la lisibilité des tâches), de la crise économique (le chômage a semé la perplexité auprès des personnes se retrouvant sans emploi), et, plus récemment, l’évolution technologique. L’électronique et l’informatique ont rendu les process de travail plus distants et moins sensibles. L’écran, souvent, masque la matière.
La « dématérialisation » progressive des process de production et de l’activité de travail a complexifié le rapport aux processus d’apprentissage. Connaître un processus de travail et maîtriser ses interventions sur ce processus est relativement facile lorsque l’on intervient au niveau du concret. Pour former, il suffit alors de montrer, de démontrer, de remontrer... et pour évaluer, on fait faire et on observe. Tout se joue au niveau de la partie visible de l’activité. Si la réalisation est conforme aux attendus, il n’y a aucune raison de chercher à ouvrir la « boîte noire des processus d’apprentissage ». La question de cette boîte noire commence à devenir intéressante lorsque la production n’est pas celle attendue et qu’apprenants et formateurs se retrouvent tout aussi dépourvus pour comprendre ce qui n’est pas compris et ce qui fait obstacle à l’apprentissage.
Cette question commence à devenir cruciale lorsque plus rien du processus ou de l’activité de transformation de la matière ne peut être observé directement par l’opérateur.
Le monde de la formation se trouve actuellement partiellement à court de démarches et d’outils qui puissent l’aider à appréhender efficacement les besoins de formation. Nous montrerons au travers de cet article, comment la réalité virtuelle fournit des pistes de réponse à cette problématique.