Indispensables au fonctionnement de notre société, les réseaux de transport terrestres sont vulnérables face à certains risques naturels majeurs, tels que les tremblements de terre. Les retours d’expérience des séismes passés témoignent du fait que, le long des itinéraires routiers, les ponts constituent simultanément des points de faiblesse spécifiques et des nœuds stratégiques, pour l’accès des secours à la zone sinistrée, ou la reprise à moyen terme de l’activité socio-économique.
Les avancées scientifiques, et l’évolution des règlements de calcul dans le domaine du génie parasismique, conduisent à s’interroger sur le niveau de résistance des constructions existantes vis-à-vis de cet aléa. En France, les premières règles parasismiques dites « PS69 », appliquées à partir de 1975, prévoyaient une prise en compte simplifiée des actions sismiques, conduisant à des ouvrages généralement sous-dimensionnés par rapport aux normes plus récentes. Si depuis 1996, l’application des règles parasismiques PS92 garantit, en théorie, une protection parasismique adéquate des ouvrages situés dans les zones les plus sismiques du territoire national, la plupart des ponts actuellement en service ont été conçus avant. Il est donc légitime de s’interroger sur leur capacité à résister à des sollicitations engendrées par un tremblement de terre, a minima de niveau réglementaire. En outre, l’évolution du zonage sismique national, imposée par le Décret n° 2010-1255 du 22 octobre 2010 portant délimitation des zones de sismicité du territoire français, conduit à étendre le nombre d’ouvrages susceptibles d’être concernés par cet aléa. Ce constat pose aussi la question de la requalification structurale des constructions récentes, dans des zones où la sismicité était de niveau moindre.
Cette problématique spécifique qui n'est couverte, en ce qui concerne les ponts, ni par la nouvelle législation nationale, ni pour la norme Eurocode 8-2, soulève un certain nombre d’interrogations décisionnelles et techniques. Quels ouvrages faut-il diagnostiquer en priorité ? À partir de quel niveau de risque faut-il renforcer les ponts existants ? Quel niveau de performance faut-il viser dans le cadre de leur renforcement ? Quelles sont les méthodes de diagnostic applicables et techniques de renforcement possibles ?