Les problèmes principaux que posent l’étude et l’exécution des ouvrages de génie civil et des bâtiments sont bien connus et, en général, étudiés avec soin. Les normes servant de référence offrent des sécurités suffisantes et les hypothèses de calcul vont dans le sens de la prudence.
Il en résulte que l’effondrement d’un ouvrage, mis à part le cas d’un accident pendant la construction, est un événement extrêmement rare.
Néanmoins, de nombreux ouvrages, pourtant parfaitement appropriés aux charges qu’ils supportent, ne manquent pas de poser de graves problèmes d’entretien pendant leur durée de service.
De plus, des problèmes récurrents apparaissent sur des ouvrages de même nature, de même époque ou de même conception. Les dégâts peuvent résulter de l’emploi involontaire, mais répété, de dispositifs de construction inappropriés, de méthodes de conception ou d’exécution mal adaptées, de matériaux inadéquats.
Cette utilisation répétée de dispositifs, de matériaux ou de méthodes qui ne donnent pas satisfaction provient aussi du fait que l’ingénieur qui conçoit, et l’entrepreneur qui exécute, ne se rendent pas compte des difficultés qu’ils créent et n’apportent donc pas les rectifications qu’il faut pour les travaux ultérieurs. Cet état de fait est explicable, même si non excusable : la conception, la construction et l’entretien des ouvrages ou des bâtiments sont généralement confiés à des services ou des entreprises différents. Les contacts entre corps de métier sont souvent mal organisés ou tout simplement inexistants.
Quoiqu’il en soit, il est une constatation indubitable : le béton, comme tous les autres matériaux, subit l’outrage du temps. Il se fissure, se désagrège ou éclate sous l’effet de sollicitations physiques, mécaniques et chimiques. Il convient donc de l’entretenir, de le réparer, voire de le démolir si le mal est incurable.
On aura compris qu’une étude solide de l’environnement dans lequel le matériau sera utilisé, ainsi que de ses conditions de mise en œuvre, sont les premières précautions à prendre. L’entretien et la maintenance constituent la deuxième étape de la gestion « en bon père de famille ». La « réparation » représente une intervention plus conséquente au niveau de l’ouvrage ou du matériau.
La réparation des ouvrages d’art, bâtiments, routes, etc., en béton armé est une opération qui devient maintenant habituelle. Le béton reste un matériau performant et durable, mais l’explosion de la construction au sortir de la seconde guerre mondiale a été telle que le nombre d’infrastructures et de bâtiments dégradés, nécessitant aujourd’hui une intervention, augmente de façon exponentielle.
À l’interface entre la science et l’ingénierie des matériaux, les systèmes et techniques de réparation doivent être choisis dans une optique à court terme – il faut rendre à un ouvrage ses capacités originelles – mais aussi, à plus long terme, car il s’agit de lui assurer une nouvelle vie. L’atteinte de ces objectifs repose sur une appréciation juste et suffisamment précise de la condition des éléments. Le diagnostic constitue ainsi une opération fondamentale de tout travail de réfection d’un ouvrage en béton armé.