Les convertisseurs d'électronique de puissance sont couramment utilisés dans diverses applications pour contrôler et gérer le flux d'énergie électrique . Parmi ces applications, nous citons les véhicules électriques, la traction électrique, les avions « plus électriques » et les microréseaux intégrant des générations distribuées à base de systèmes d'énergie renouvelable (les générateurs éoliens, photovoltaïques, biomasses, etc.). Dans toutes ces applications, le rôle des convertisseurs est primordial vu qu'ils permettent, à travers des contrôles appropriés, de transformer l'énergie électrique d'une forme à une autre tout en contrôlant sa direction et ses caractéristiques.
Les principaux défis des commandes modernes de convertisseurs d'électronique de puissance se résument aux points suivants :
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une gestion efficace du flux d'énergie électrique et de ses caractéristiques (forme d'onde des tensions et courants, facteur de puissance, taux de distorsion harmonique noté TDH...) ;
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une réduction du coût ;
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la fiabilité de fonctionnement (tolérance aux défauts et continuité de service) ;
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la précision des contrôles (le système répond avec précision aux consignes de référence) ;
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la possibilité d'ajout de fonctions auxiliaires outre les fonctions basiques de contrôle en vue de contribuer au support du réseau électrique .
Répondre efficacement à ces contraintes et défis dépend essentiellement :
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du contenu algorithmique implanté ;
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des capacités de calcul et d'intégration de la cible numérique utilisée ;
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de la précision des mesures fournies par la partie interface puissance/commande, notamment par rapport à la pleine échelle des convertisseurs A/N utilisés.
Ainsi, la solution utilisée pour implanter l'algorithme constitue un élément clé pour garantir les performances de contrôle souhaitées. Comme mentionné précédemment, la majorité des solutions utilisées comme support pour implanter les algorithmes de commande sont des solutions numériques vu les avantages qu'elles procurent (immunité numériques vis-à-vis des perturbations, flexibilité de modification...). Depuis leur introduction au marché pendant les années 1970, les solutions numériques ne cessent de progresser en termes de capacités de calcul et d'intégration. Avec la révolution technologique en électronique numérique, certaines limites qui caractérisaient l'utilisation des solutions numériques (délais dus au temps de calcul, utilisation de format virgule fixe...) ont été récemment contournées. En effet, les nouvelles solutions numériques sont devenues bien plus rapides avec une plus grande capacité de calcul et d'intégration.
Cet article a pour objectif essentiel de mettre en évidence les apports et la contribution des nouvelles solutions numériques utilisées de nos jours dans le pilotage des convertisseurs d'électronique de puissance, tout en spécifiant leurs avantages et inconvénients ainsi que leur aptitude à répondre aux contraintes et défis de contrôles modernes. Pour ce faire, les solutions numériques ont été répertoriées en trois grandes familles :
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les solutions numériques logicielles (les microcontrôleurs et les contrôleurs à base de DSP) ;
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les solutions numériques matérielles (FPGA, ASIC...) ;
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les solutions numériques hybrides.
Des méthodologies de développement standards et dédiées à l'implantation d'algorithmes de commande de convertisseurs d'électronique de puissance sont aussi présentées et détaillées. L'objectif de ces méthodologies étant de réduire le temps de développement (communément appelé « time to market ») et de faciliter le processus d'implantation en le rendant plus automatisé et moins intuitif.
Cet article est subdivisé en quatre parties. La première partie porte sur les contraintes de commande numérique des convertisseurs d'électronique de puissance. Ensuite, les deuxième et troisième parties présentent respectivement les solutions numériques logicielles et matérielles utilisées dans les applications de contrôle des convertisseurs d'électronique de puissance. Enfin, la dernière partie traite les tendances futures de commande de convertisseurs de puissance basées sur des solutions numériques hybrides (logicielles/ matérielles).
Structure générale d'un convertisseur d'électronique de puissance
La structure générale d'un convertisseur d'électronique de puissance commandé est subdivisée en parties et éléments les plus communément rencontrés, à savoir :
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la partie puissance, qui inclut elle-même plusieurs éléments. Le premier élément est une source électrique qui, selon la direction du flux énergétique, fournie ou reçoit l'énergie électrique. Le deuxième élément est un ou plusieurs convertisseurs d'électronique de puissance commandés. Il s'agit de dispositifs d'électronique de puissance à base d'interrupteurs de puissance (tels que les diodes, les thyristors, les transistors...) commandés à travers des signaux de commande. Notons que la connexion des convertisseurs de puissance aux autres éléments de la partie puissance est réalisée par l'intermédiaire d'un étage tampon à base de filtres inductifs capacitifs. Le choix et le dimensionnement de ces filtres est essentiel afin d'assurer une meilleure qualité d'énergie électrique transférée via les convertisseurs de puissance ;
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la partie interface puissance/commande, qui est constituée de deux éléments. Le premier élément permet de transférer les signaux de commande calculés par la partie commande vers les convertisseurs de puissance. Il est basé sur l'électronique de pilotage des interrupteurs de puissance et inclut généralement un étage d'isolation galvanique entre parties puissance et commande (à base de transformateurs haute fréquence ou optocoupleurs) associé à un étage d'amplification du niveau de tension des signaux de commande. Quant au second élément, il inclut les capteurs électriques/mécaniques et assure le traitement électronique des mesures fournies par ces capteurs (isolation galvanique des mesures, mise en forme, adaptation d'impédance, réglage des gains et des offsets, filtrage des perturbations...). Il est à noter que dans certains cas, on y trouve aussi de l'électronique de conversion analogique/numérique (A/N) lorsque la cible numérique utilisée n'inclut pas de convertisseurs A/N ;
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la partie commande, qui est subdivisée en deux niveaux hiérarchiques. Le niveau hiérarchique basique assure le contrôle rapproché du convertisseur de puissance en calculant les signaux de commande à partir des mesures fournies par la partie interface puissance/commande et des consignes de référence qu'il reçoit. Ce contrôle rapproché est réalisé via un algorithme de commande implanté sur une cible analogique ou numérique. Notons ici que les premières implantations d'algorithmes de commande de convertisseurs d'électronique de puissance étaient réalisées sur des cibles analogiques. Par la suite, les cibles numériques sont devenues les plus utilisées vu leurs avantages décisifs marqués par la révolution technologique en électronique numérique des dernières décennies. Quant au niveau hiérarchique élevé, il permet d'envoyer des consignes de référence à la partie commande moyennant une interface homme machine (IHM) ou bien un algorithme de gestion implanté sur une autre cible numérique .