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RÉSUMÉ
Les besoins énergétiques humains - alimentation, chauffage, transport, confort - sont passés de ~3 MWh/an/personne à la préhistoire à 54 MWh en France, 97 MWh aux États-Unis, 28 MWh en Chine et 22 MWh en Afrique (ONU, 2020). D’ici 2050, avec 10 milliards d’habitants et face aux déclins économique et climatique des ressources fossiles et aux impacts sur la santé, la demande énergétique impose des solutions durables. Cet article met en lumière le stockage thermique comme levier clé de la transition énergétique en explorant le potentiel de LiOH, plus performant que Solar Salt utilisé dans les systèmes de stockage des centrales solaires à concentration, et adapté à la récupération de chaleur industrielle.
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Fouzia ACHCHAQ : Enseignant-chercheur - Université de Bordeaux, Institut de mécanique et d’ingénierie mécanique I2M UMR CNRS 5295, - Bordeaux/Talence, France
INTRODUCTION
L’énergie thermique, ou chaleur, est la forme d’énergie exogène la plus ancienne exploitée par les êtres humains à la suite de la domestication du feu. Elle reste, avec la pression, un processus de transformation dominant dans les procédés industriels. Elle peut être utilisée telle quelle, pour produire de l’électricité, ou stockée. Le stockage consiste à préserver une quantité de matière contenant de l’énergie ou une quantité d'énergie produite, pour une utilisation ultérieure. L'idée est d'assurer l'équilibre production/consommation et d’optimiser les coûts en réduisant les pertes. Les technologies de stockage de la chaleur sont reconnues aujourd’hui parmi les plus prometteuses pour le déploiement d'un mix énergétique « intelligent », intégrant davantage de ressources énergétiques renouvelables.
À l’échelle macroscopique, trois principes physiques permettent à certains matériaux d’emmagasiner (ou libérer) la chaleur, sans se décomposer :
– la chaleur sensible
lors d’une chauffe (ou refroidissement) dans une plage de température donnée ;
– la chaleur latente
qui se manifeste, à température quasi constante, lors de transformations d’états (solide/solide, solide/liquide, liquide/gaz, etc.) des matériaux dits « à changement de phases » (MCP) ;
– la chaleur thermochimique liée à la dissociation/recombinaison de deux matériaux lors de réactions thermochimiques endo- et exothermiques ; cas d’une transformation solide/gaz en général.
Le stockage par chaleur « sensible », le plus utilisé au cours de l’histoire, est le moins onéreux. Déjà, les Romains avant notre ère exploitaient l’hypocauste, ancêtre du chauffage central alimenté au charbon de bois. Un système de ventilation d’air chaud en sous-sol faisait monter la température d’une pièce à 30 °C. Un plancher suspendu, la suspensura, composé d’une épaisse couche de mortier de tuiles concassées et de chaux garantissait une conservation optimale de la chaleur pour l’époque. Aujourd’hui, on utilise l’eau dans les chauffe-eau domestiques, des sels fondus dans des centrales solaires pour la production d’électricité ou des matériaux solides pour les enveloppes de bâtiments (brique, béton, etc.). En termes de maturité technologique, très peu de perspectives d’amélioration sont attendues dans ce domaine. C’est l’exact opposé pour la technologie basée sur l’exploitation thermochimique des matériaux. Cependant, sa complexité ne permet pas encore une mise en place effective, malgré des densités énergétiques bien supérieures à celles des matériaux utilisés pour la chaleur sensible. Le potentiel d’exploitation de la chaleur latente se trouve à une étape intermédiaire : suffisamment étudié pour être mis en lumière et confirmé, mais sans atteindre le niveau final de maturité technologique pour une mise sur le marché. La conception et le dimensionnement efficaces d’un système de stockage par chaleur latente requièrent en effet une compréhension très approfondie des mécanismes de transitions des MCP en usage pour leur bonne exploitation.
Points clés
Domaine : Matériaux et systèmes de stockage de l’énergie thermique
Degré de diffusion de la technologie : Croissance
Technologies impliquées :
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Systèmes de stockage par chaleur latente (MCP)
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Systèmes de stockage thermochimique (réactions endo/exothermiques)
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Échangeurs de chaleur haute performance (conception et matériaux avancés)
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Thermoconversion à haute température (turbines à vapeur, CO2 supercritique, etc.)
Domaines d’application :
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Centrales solaires à concentration (tour, cylindro-parabolique, Fresnel)
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Récupération de chaleur fatale industrielle (agroalimentaire, chimie, papeterie, sidérurgie…)
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Production de vapeur de procédé pour l’industrie (préchauffage, séchage…)
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Solutions hybrides (couplage renouvelables-stockage-réseau de chaleur)
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Batteries thermiques stationnaires/mobiles pour stockage d’électricité via la chaleur (futures générations)
Principaux acteurs français :
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Pôles de compétitivité : Tenerrdis (Auvergne-Rhône-Alpes) ; Capenergies (Sud-Est, Corse) ; Derbi (Occitanie)
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Centres de compétence : CNRS/I2M (Institut de mécanique et d’ingénierie, Bordeaux) ; CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) ; INES (Institut national de l’énergie solaire)
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Industriels : EDF R&D et ENGIE ; Schneider Electric ; Eco-Tech Ceram ; Startups et PME spécialisées (ExtraJool, Energy Pool, Tecsol…)
Autres acteurs dans le monde : DLR (Allemagne) ; Shanghai Electric (Chine) ; DEWA (Dubaï)
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1. Mix énergétique : intégration des énergies renouvelables et fossiles
Les besoins énergétiques mondiaux ont suivi une trajectoire fulgurante, passant de quelques MWh/personne à la préhistoire à plus de 50 MWh/personne aujourd’hui dans les pays développés. Face au déclin inexorable des ressources fossiles et à la hausse des coûts associée (+ 791 % du prix de l’essence entre 2005 et 2022), ainsi qu’aux impacts sur l’environnement et la santé, la transition vers un mix bas-carbone est requise, via un déploiement massif des technologies intégrant une part plus significative de ressources renouvelables dans la production de chaleur et d’électricité. D’ici 2030, leur capacité additionnelle annuelle devrait tripler pour atteindre + 940 GW (soit + 70 % vs record précédent), un rythme rendu possible par des politiques climatiques et de sécurité énergétique dans ~ 140 pays (figure 1).
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L’« électricité renouvelable » repose aujourd’hui sur l’hydroélectricité, l’éolien (terrestre et offshore) et le photovoltaïque (PV). Si l’hydroélectricité demeure la première source renouvelable, la contrainte hydrique liée à l’augmentation des épisodes de sécheresse sévère pourrait freiner l’essor de nouvelles stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) ou la performance des STEP existantes à l’horizon 2050. Les installations de pompage-turbinage, bien que très efficaces et matures, sont exposées aux aléas climatiques bien plus que le solaire PV, qui capte 80 % de la croissance mondiale, et l’éolien,...
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - Energy Institute - Statistical Review of World Energy. - 73rd Edition (2024).
-
(2) - IEA (International Energy Agency) - World Energy Outlook 2024. - Report.
-
(3) - * - https://www.iea.org/reports/renewables-2024, dernière consultation : 15/06/2025.
-
(4) - LESER (E.) - Pourquoi la transition énergétique ne peut être que chaotique. - Transitions et Énergies, n° 18, https://www.transitionsenergies.com
-
(5) - SAJJAD (U.) et al - Personal thermal management – A review on strategies, progress and prospects. - International Communications in Heat and Mass Transfer, 130, 105739 (2022).
-
(6) - YAO (W.) et al - Revolutionizing personal thermal management technologies with advanced materials and strategies. - Applied Materials...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
-
Stockage des énergies renouvelables : solution d’avenir ou mirage ?
-
Échangeurs de chaleur – Intensification des échanges thermiques.
ANNEXES
[BV1] Composite material for storing heat energy at high temperatures. EP 2444468
[BV2] Lithium hydroxide-based thermal energy storage device. PCT/FR2023/051328
HAUT DE PAGE2.1 Organismes – Fédérations – Associations (liste non exhaustive)
Fédération de recherche FEDESOL sur l’énergie solaire :
Journées nationales sur l’énergie solaire, JNES :
https://jnes.sciencesconf.org/
HAUT DE PAGE2.2 Laboratoires – Bureaux d'études – Écoles – Centres de recherche (liste non exhaustive)
Laboratoire de Mécanique et d’Ingénierie Mécanique (I2M), UMR 5295 :
https://www.i2m.u-bordeaux.fr/
Laboratoire de PROcédés Matériaux et Énergie Solaire (PROMES), UPR 8521 :
Plateforme...
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