Résumé :
Les nanoparticules d’or sont des assemblages de quarante atomes à trente millions d’atomes d’or de taille typiquement comprise entre 1 et 100 nm. Depuis une vingtaine d’années elles intéressent fortement la communauté scientifique à cause de propriétés découvertes nouvellement ou mieux comprises. Cet article passe ainsi en revue ces propriétés dans le domaine de la catalyse, de l’optique avec la résonance de plasmon, de l’électronique, de la biologie et de la médecine. On envisage aussi les principales méthodes de préparation des nanoparticules d’or. Leur toxicité est également abordée.
Abstract :
Gold nanoparticles are assemblies from forty atoms up to thirty millions of gold atoms with size ranging from 1 to 100 nm. For twenty years or so, they are the focus of intense research activity because of either newly discovered or better understood properties. This article reviews these properties in catalysis, optics (plasmonics), nanoelectronics, biology and medicine. The main preparation methods are also presented and their toxicity is discussed.
Mots-clés :
nanoparticules d’or, plasmon, catalyse, thermothérapie, toxicité, nanoélectronique
Keywords :
gold nanoparticles, plasmon, catalysis, thermotherapy, toxicity, nanoelectronics
L’or fascine l’humanité depuis plusieurs millénaires. Une telle fascination n’est pas seulement le fruit de coutumes ancestrales ou de conventions sociales. Le savoir scientifique fournit des éléments d’explication à cet attrait. En effet l’or est le plus connu des métaux que l’on trouve à l’état natif, sous forme de pépites par exemple (avec l’argent, le cuivre et le platine). Les autres métaux, au contraire, sont extraits sous leur forme oxydée et la réduction correspondante nécessite des connaissances de métallurgie qui remontent à l’âge du bronze (2 000 ans avant notre ère environ) et qui n’ont pas cessé d’être perfectionnées au long de l’histoire de l’humanité. Par ailleurs l’or est le seul métal avec le cuivre, à n’être pas gris. Comme de plus, il est chimiquement stable (inaltérable), il garde ses propriétés indéfiniment. C’est pourquoi il est appelé un métal noble. Dès lors on comprend pourquoi l’or est depuis toujours le métal idéal pour la bijouterie. Aujourd’hui encore, sur les 2 500 ou 3 000 tonnes d’or extraites chaque année – auxquelles il faut ajouter plusieurs centaines de tonnes annuelles remises sur le marché ces dernières années – la principale utilisation de l’or reste la bijouterie (2 400 tonnes), suivie de l’électronique avec les contacts électriques (450 tonnes environ) et de la dentisterie (70 tonnes). Cependant cette fascination plurimillénaire pour l’or gagne les scientifiques depuis une vingtaine d’années, mais pour des raisons presque diamétralement opposées. Ce métal, tellement inerte qu’il n’intéressait pas les chimistes, a révélé des propriétés inédites quand il est conditionné à des tailles nanométriques. Les nanoparticules d’or affichent ainsi trois particularités qui sont à l’origine de l’engouement actuel de la communauté scientifique : d’abord elles présentent une meilleure réactivité chimique que des métaux réputés « bons catalyseurs », ensuite les nanoparticules d’or ne sont plus jaunes, et enfin l’or étant biocompatible, les nanoparticules peuvent être utilisées à des fins médicales. Cet article détaillera ces différents aspects, qui mêlent physique, chimie et biologie et illustrent combien ce domaine de recherche dépasse largement les frontières traditionnelles des disciplines. Précisons enfin ce que l’on entend par nanoparticules : ce sont des assemblages d’atomes d’or dont les trois dimensions sont comprises entre le nanomètre et la centaine de nanomètres, c’est-à-dire de quelques atomes à quelques millions d’atomes. Par contre, les films d’or ou les nanofils, dont respectivement une seule ou deux des dimensions sont nanométriques, ne sont pas traités ici. Les nanoparticules peuvent être monocristallines, polycristallines, de forme sphérique ou allongée.