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Décryptage

Bruno Maisonnier : « Les robots, ce n’est pas seulement un truc de Japonais ! »

Posté le par La rédaction dans Informatique et Numérique

Président fondateur d’Aldebaran Robotics et président de Cap robotique, Bruno Maisonnier suit depuis 25 ans le marché de la robotique. D’après lui, les robots feront bientôt partie de notre quotidien, et la France est bien placée dans ce domaine. Rencontre.

Président fondateur d’Aldebaran Robotics et président de Cap robotique, Bruno Maisonnier suit depuis 25 ans le marché de la robotique. D’après lui, les robots feront bientôt partie de notre quotidien, et la France est bien placée dans ce domaine. Rencontre.

Techniques de l’ingénieur : Qu’est-ce qu’un robot ?

Bruno Maisonnier : Le robot n’est pas un homme, pas un animal, c’est autre chose. Mais attention, il n’a aucune intelligence, ce n’est rien de plus qu’un petit ordinateur. Il faut démystifier les robots.

Les robots vont-ils entrer dans notre vie quotidienne ?

Oui et dans des délais très court, dans un ou deux ans. Cela s’explique non seulement par l’évolution technologique mais aussi par la démographie. Les personnes âgées et les enfants sont les premiers concernés par les robots. La robotique répond à un nouveau besoin d’avoir un compagnon. Ce marché va arriver, avec à la clé des millions d’emplois dans les pays qui conçoivent, fabriquent et vendent les robots. Les Japonais, les Coréens et les Américains investissent beaucoup dans ce domaine.

Comment la France se situe-t-elle au niveau mondial ?

La France est en fait bien située par rapport aux autres pays. En termes de publications, elle représente 3 à 4 % de l’effort mondial tous sujets confondus, contre 7 à 8 % pour la robotique, après les Etats-Unis et le Japon. Nous sommes les premiers si l’on ramène ce chiffre au nombre d’habitants. L’Allemagne est aussi un pays en pointe dans ce domaine. Mais, pour travailler, les chercheurs français étaient obligés d’acheter des robots japonais qu’ils font ensuite évoluer.

Existe-t-il une demande en Europe ?

Le chien de Sony, Aibo, s’est vendu autant en Europe qu’au Japon et aux Etats-Unis. La robotique, ce n’est pas seulement un truc de Japonais ! Nao est reconnu comme le robot humanoïde plus sophistiqué au monde.

Pourquoi avez-vous créé Cap robotique ?

Il existe de nombreuses PME françaises dans ce domaine, comme Gostai qui fait des logiciels pour robots. Mais cela ne suffit pas à créer une dynamique. Nous avons donc créé un cluster, Cap robotique. Il réunit des industriels, des laboratoires de recherche, des universités, des écoles… Cela permet de faire du lobbying, de communiquer et d’organiser des événements. Les pouvoirs publics nous soutiennent via la région Ile de France, la ville de Paris, le gouvernement…

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A quoi les robots servent-ils ?

Avec Nao, nous avons donné des fonctionnalités, il faut maintenant écrire les applications. Les robots vont beaucoup nous apporter. On peut citer l’exemple de personnes âgées mal voyantes qui auront un compagnon pour les aider dans leur quotidien, les distraire ou leur lire un roman.

Qui achète Nao ?

Nous avons vendu 260 Nao, principalement à des laboratoires de recherche, à 95 % en-dehors de France.

Comptez-vous toucher le grand public ?

Nao est conçu pour le grand public. Nous écrivons actuellement les applications, avant de passer à une troisième étape, la fabrication à grande échelle à des prix bas, prévue pour fin 2010 début 2011. Une trentaine de clients vont acheter une version bêta en juin. Pour l’instant nous fabriquons Nao dans nos locaux, mais je ne sais pas encore où nous le produirons par la suite. Cela dépendra aussi du marché. Par exemple, si nos clients sont aux Etats-Unis, l’assemblage se fera peut-être là-bas pour des questions de maintenance et de rapidité de fourniture.

Les réticences face à la robotique sont-elles justifiées ?

En France, certains ont des réticences. Dans la culture monothéiste, il existe une rupture qualitative entre les créatures à l’image de Dieu et les autres. Quand quelque chose essaie de venir dans le monde des hommes, cela provoque des peurs. Dans les cultures asiatiques de cosmogonie, c’est différent. Quoiqu’il en soit, il ne faut pas ralentir le développement de la robotique sous prétexte qu’il existe des risques.

Quelles sont les tendances en robotique industrielle ?

C’est un univers très différent. Lorsque l’on construit une usine, on peut facilement adapter l’environnement pour qu’ils conviennent aux robots qui ont donc très rarement une forme humanoïde. A Cap robotique, nous nous focalisons sur les robots de service.

Quels sont les grands sujets de recherche actuellement en robotique ?

L’interaction homme robot, avec la reconnaissance vocale, la reconnaissance gestuelle et émotionnelle, la reconnaissance de situation, l’apprentissage et les technologies de coopération des robots.

Quels sont les freins technologiques forts ?

Le rapport qualité prix est au cœur des problématiques. Il faut inventer des matériaux et faire évoluer les capteurs. Autres problématiques, l’énergie et l’autonomie constituent un frein. Mais ce dernier sujet est aussi un enjeu majeur pour d’autres industries qui concentrent leurs recherches là-dessus.

 

Aldebaran robotics

Créée en 2005, Aldebaran robotics est la première entreprise française de robotique humanoïde. Elle a présenté pour la première fois Nao fin 2006, considéré comme le robot humanoïde le plus sophistiqué au monde. Son financement vient des actionnaires historiques : Bruno Maisonnier, sa famille et des salariés, pour un total de 1,4 million d’euros. La start up a ensuite levé 5 millions d’euros auprès de deux fonds. Elle a reçu des aides des pouvoirs publics et elle dégage un chiffre d’affaires. Aldebaran robotics emploie environ 80 personnes.

Au sujet de Nao : www.aldebaran-robotics.com 
Au sujet de son grand frère Romeo : www.projetromeo.com 

 

Posté le par La rédaction


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