L'accord de coalition du chancelier Friedrich Merz dresse un panorama de la nouvelle stratégie allemande en matière énergétique. Celle-ci prévoit d'exploiter tout le potentiel des énergies renouvelables, de développer une véritable économie de l'hydrogène, mais aussi d'installer de nouvelles centrales électriques à gaz pour sécuriser la transition.
En Allemagne, le nouveau chancelier Friedrich Merz et leader des conservateurs est parvenu à sceller un accord de coalition avec les sociaux-démocrates. Il prend la forme d’un document de 146 pages, qui constitue la feuille de route du futur gouvernement pour les quatre années à venir, sans pour autant être juridiquement contraignant. Alors que le pays est confronté à des défis historiques liés entre autres à la menace russe et à la guerre commerciale de Donald Trump, ce contrat met l’accent sur la compétitivité industrielle du pays tout en maintenant les objectifs climatiques européens. Il dresse aussi un panorama de la future stratégie énergétique du pays, dont voici les principaux points à retenir.
Le nouveau cap énergétique prévoit plus de renouvelables, avec la volonté d’exploiter tout le potentiel de l’énergie solaire et éolienne ainsi que la bioénergie, la géothermie et l’énergie hydraulique. Pour soutenir ce développement, l’accord prévoit notamment de mettre en place des mesures de simplification administrative et une planification accélérée. Les citoyens et les entreprises seront encouragés à s’impliquer dans cette transition via des dispositifs de partage de l’énergie ou d’autoconsommation collective.
Parallèlement, l’Allemagne veut bâtir une véritable économie de l’hydrogène et jouer un rôle de premier plan dans ce domaine en Europe. Pour cela, il est prévu de bâtir un réseau de transport de ce vecteur énergétique pour relier les centres industriels de tout le pays en fonction des besoins, y compris dans le sud et l’est du pays. La feuille de route prévoit aussi de renforcer l’utilisation de technologies innovantes telles que la valorisation de la chaleur des eaux usées et la récupération de chaleur.
Pour sécuriser la transition énergétique, jusqu’à 20 GW de nouvelles centrales électriques à gaz sont prévues d’ici à 2030. Ces infrastructures devront être convertibles à l’hydrogène vert et être construites en priorité sur les sites de centrales existantes dans toute l’Allemagne. L’accord de coalition prévoit aussi d’utiliser davantage les capacités disponibles des centrales de cogénération à usage industriel. Ces centrales à gaz permettront non seulement d’éviter les pénuries d’approvisionnement, mais aussi de réduire les coûts de production d’électricité.
Une baisse du prix de l’électricité et une modernisation du réseau
Le captage et le stockage du CO2 refont surface dans le débat, puisque la coalition veut adopter un cadre législatif pour utiliser légalement ces technologies, tant pour les émissions du secteur industriel que pour les centrales à gaz. L’utilisation de méthodes de captation directe dans l’air devrait aussi être facilitée. Concernant le stockage du CO2, il devrait être autorisé en mer, en dehors de la mer territoriale, dans la zone économique exclusive (ZEE) et sur le plateau continental de la mer du Nord, ainsi que sur terre, là où la géologie s’y prête et où l’acceptation est acquise.
Grâce à une baisse de la taxe sur l’électricité au niveau minimum autorisé par l’Union européenne et à une division par deux des redevances du réseau de transport, une diminution du prix de l’électricité d’au moins 5 centimes par kilowattheure est programmée. Le réseau électrique doit aussi faire l’objet d’une modernisation, avec un recours accru au numérique et au stockage. Concernant la sortie du charbon, le calendrier précis reste conditionné à l’achèvement des nouvelles centrales à gaz, mais l’arrêt est officiellement prévu au plus tard en 2038. Quant au nucléaire, la coalition n’envisage pas de relancer l’atome en Allemagne.
Au niveau européen, le pays plaide en faveur d’une union de l’énergie renforcée, avec des infrastructures transfrontalières, des marchés intégrés, ainsi que la suppression des obstacles liés aux aides d’État. L’objectif final est de réduire les dépendances stratégiques, en particulier vis-à-vis des importations fossiles, mais aussi d’éviter de créer de nouvelles dépendances dans des technologies clés telles que les énergies renouvelables.









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