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L’industrie de la défense en France et en Europe et les critères ESG

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L’industrie de la défense doit-elle craindre les critères ESG ?

Posté le par Pierre Thouverez dans Entreprises et marchés

Un mois dans l'espace #35

L’ESG regroupe les problématiques environnementales, sociales et de gouvernance auxquelles les entreprises sont confrontées de par leurs activités. Mis en place au niveau national et poussé au niveau européen, cet outil permet aux entreprises d’afficher plus de transparence quant à leurs politiques de développement, leurs investissements, et les impacts de ces derniers sur les trois critères ESG.

Aujourd’hui, les investissements, qu’ils soient publics ou privés, sont passés au filtre des critères ESG pour évaluer leur impact environnemental, social et de gouvernance… et in fine la pertinence de l’investissement. L’Union Européenne est d’ailleurs en train de légiférer sur ces questions, en mettant en place des réglementations très techniques. Par exemple, la SFDR va obliger les sociétés de gestion à s’expliquer sur leurs politiques d’investissement et leur politique environnementale, et à justifier, chiffres à l’appui, en quoi leur stratégie est efficace.

Autre exemple, le règlement de taxonomie, qui va obliger les sociétés privées à justifier et expliquer leurs stratégies, à la lumière des objectifs environnementaux actuels. Le but étant de donner plus de transparence aux investisseurs, et de favoriser le financement de projets à impact.

La mise en place de ces outils a engendré une situation où les investisseurs désertent certains secteurs d’activité, car ces derniers sont considérés comme négatifs sur l’un des trois points ESG

Parmi les secteurs ciblés, celui de la défense. « Pour des raisons éthiques », comme l’explique Bertrand Delcaire, responsable des relations investisseurs chez Thalès, dans une interview donnée au site Air-cosmos le 19 décembre dernier

En effet, les nouvelles réglementations listent des catégories d’armes dites controversées. Parmi elles, on va trouver des armes comme les mines anti personnelles, qui font déjà l’objet d’engagements au niveau européen depuis longtemps. 

Nous allons également trouver des champs d’action comme celui de la dissuasion nucléaire. Ainsi, les pays qui possèdent aujourd’hui l’arme nucléaire, qui sont membres du traité de non prolifération, peuvent craindre de voir les investisseurs déserter leur secteur d’activité.  

Ainsi, les critères ESG pourraient lourdement pénaliser des entreprises françaises (et européennes) évoluant dans le secteur de la défense. Ou ayant une partie de leur activité liée, par exemple, à la dissuasion nucléaire. C’est le cas dans l’hexagone où de grands groupes comme Ariane, Dassault, Naval Group, Thalès (…), impliqués d’une manière ou d’une autre dans la dissuasion nucléaire nationale. Ces derniers pourraient se voir privés de nombreux investissements, si leurs activités sont hors des clous ESG.

Comme on l’imagine, de nombreux débats se font aujourd’hui autour de l’implication réelle d’entreprise dans les activités « exclues » des investissements. 

Mais qui décide de l’exclusion de telle ou telle activité ? Aujourd’hui, ce sont majoritairement des agences de notation extra financières, et des ONG qui conseillent les fonds d’investissement sur ces questions. 

En plus des grands groupes gravitant pour tout ou en partie dans le secteur de la défense, des centaines de petites entreprises pourraient se retrouver privées de financement. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs d’ores et déjà impactées.

C’est dans le cadre du Green Deal européen que les critères ESG et le développement de la finance durable sont mis en place concrètement. A moins que la Commission Européenne n’adapte sa vision de certains aspects de la finance durable, en l’occurrence ceux touchant au secteur de la défense. De nombreuses entreprises françaises et européennes risquent de se retrouver sans solution face au financement de leurs activités industrielles. 

Un exemple, parmi d’autres, de la difficulté de migrer vers des modèles plus vertueux écologiquement sans laisser des pans entiers de notre industrie sur le carreau. Surtout si d’autres pays, tels que les Etats-Unis par exemple, continuent à investir massivement dans leur armement défensif.

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Posté le par Pierre Thouverez


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