Royaume-Uni: forte hausse des rejets d'eaux usées dans les cours d'eau en 2023

Les rejets d’eaux usées dans les cours d’eau britanniques, dont l’ampleur fait scandale ces dernières années, ont encore fortement augmenté l’an dernier, suscitant une nouvelle vague de critiques des défenseurs de l’environnement.

Selon les chiffres publiés par l’Agence de l’environnement mercredi, les rejets d’égouts ont progressé de 54% en 2023 sur un an, et de 13% par rapport à 2020, année comparable en terme de quantité de précipitations, principale cause avancée par les compagnies pour ces rejets.

En cas de fortes pluies, de nombreuses canalisations aux capacités d’absorption insuffisantes faute d’investissements, ont tendance à déborder, entrainant ces rejets dans les cours d’eau et la mer.

Si l’Agence de l’environnement prévient que la hausse constatée des rejets s’explique en partie par un meilleur contrôle de ses services et par des précipitations particulièrement élevées l’an dernier, elle a constaté que seulement 13,9% des zones contrôlées n’ont pas connu de rejets l’an dernier, contre 18% en 2022 et 13% en 2020.

« S’il est décevant de voir que les compagnies des eaux ont enregistré une augmentation des rejets en 2023, cela n’est malheureusement pas surprenant », a réagi Helen Wakeham, directrice de l’eau à l’Agence de l’environnement, citée dans un communiqué.

Selon elle, les investissements « record » constatés de la part du secteur prendront en effet « du temps pour se refléter dans les données de rejets ».

« L’ampleur des rejets des compagnies des eaux est une ultime condamnation d’une industrie défaillante », s’est indigné James Wallace, directeur du groupe militant River Action.

– « Inacceptable » –

Le secteur de l’eau est très critiqué depuis plusieurs années au Royaume-Uni à cause de ces déversements d’eaux usées. L’été dernier, la fermeture de plages trop polluées après de tels débordements, avait fait scandale, en pleine période de canicule.

Dernier exemple en date de ces déversements: une association a relevé des concentrations de bactéries jusqu’à 10 fois supérieures aux normes dans une partie de la Tamise où doit se tenir ce week-end une traditionnelle course d’aviron entre les universités de Cambridge et Oxford.

Dénonçant les bénéfices considérables empochés par les distributeurs d’eau, l’ONG Greenpeace a appelé à « bloquer tous les dividendes et primes des compagnies des eaux » jusqu’à ce que la situation s’améliore et « tant qu’il nous reste des écosystèmes fluviaux à protéger ».

Le gouvernement conservateur a pris plusieurs mesures pour pousser les distributeurs d’eau à investir dans les canalisations, dont la plupart datent de l’époque victorienne au XIXe siècle. Il a notamment proposé d’interdire le versement de bonus aux dirigeants de ces entreprises en cas de rejets illégaux.

La pollution des eaux est « inacceptable », a réagi mercredi le secrétaire d’Etat à l’Eau, Robbie Moore, cité dans le communiqué.

« Les compagnies des eaux doivent agir davantage et plus rapidement pour lutter contre ces rejets et nettoyer nos précieux cours d’eau », a-t-il ajouté.

Le secteur s’est engagé en octobre dernier à investir 96 milliards de livres (plus de 110 milliards d’euros) d’ici 2030 pour moderniser les infrastructures, au prix d’une augmentation des factures d’eau pour les ménages.

S’il arrive au pouvoir à l’issue des prochaines élections législatives prévues cet année, le parti travailliste a promis de durcir la réglementation et les contrôles des compagnies des eaux.