« J’ai beaucoup trop de médecins »: atteint d’une maladie génétique très rare, la maladie de Danon, Maxence, 14 ans, espère faire avancer la recherche en permettant la production de cellules souches à partir de son sang, dans l’espoir de trouver un jour un traitement.
Pour cet adolescent belge, l’un des visages du Téléthon 2025 organisé vendredi et samedi, tout a basculé lorsqu’il avait 10 ans, après une crise d’asthme sévère.
« J’ai dû faire un test d’effort et, sur l’électrocardiogramme, il y avait un truc pas normal », raconte l’ado, cheveux châtains et lunettes aux montures translucides, devant des journalistes. Verdict: « une cardiomyopatie hypertrophique sévère bilatérale. J’ai dû arrêter mon sport et plein de choses ».
« Il aurait pu faire un arrêt cardiaque sur un terrain de sport », glisse la mère de ce passionné de hockey sur gazon.
L’année suivante, d’autres examens identifient un trouble du rythme cardiaque, puis la maladie de Danon. Ultra rare et dégénérative, cette pathologie liée à une déficience touchant le chromosome X, affecte notamment le coeur, divers muscles et les yeux.
Maxence vit, depuis 2022, avec un défibrillateur couplé à un pacemaker. « A l’école, j’ai beaucoup de problèmes d’apprentissage. Je m’en sors, mais plus j’avance, plus c’est dur, surtout en maths », avoue-t-il. « J’ai beaucoup trop de médecins: un cardiologue, un rythmologue, une psychologue, une neuropédiatre, une spécialiste en métabolisme, une opthalmologue. J’aime bien aller chez le kiné. »
– 7.000 maladies –
Sur plus de 7.000 maladies rares identifiées, fréquemment d’origine génétique, les maladies ultra rares sont majoritaires en nombre (85%) mais ne touchent, chacune, que moins d’une personne par million d’habitants.
Maxence, qui parle de sa maladie « pour que la recherche avance », est « très content car, chaque jour, on se rend compte qu’il y a plus de patients avec la maladie de Danon ».
Chez Fanny, 30 ans, cette maladie a été découverte en 2016, « après huit ans d’errance médicale ». Son « lourd parcours » est passé par une transplantation cardiaque il y a deux ans. Mais « ce n’est pas parce qu’on est greffé du coeur qu’on est guéri », insiste-t-elle, souhaitant que de « prochains patients ne vivent pas la même chose ».
Depuis fin 2023, un projet européen, DREAMS, financé par l’UE, cherche des traitements pour cinq pathologies rares aux symptômes communs, dont la maladie de Danon, tentant de les traiter avec des médicaments existants pour d’autres maladies.
Ce projet associant 40 chercheurs « mêle des technologies allant des cellules souches à la recherche de médicaments en passant par l’intelligence artificielle », résume Xavier Nissan, coordinateur du projet et directeur de recherche à I-Stem, un laboratoire de l’AFM-Téléthon.
Première étape: constituer une collection de modèles cellulaires des cinq maladies pour les explorer et tester des approches thérapeutiques.
– Financement compliqué –
« On a prélevé du sang de Maxence, produit des cellules souches à partir de ce sang, puis des cellules musculaires à partir de ces cellules souches », détaille Xavier Nissan à l’AFP. « On a analysé tous les gènes et tout ce qui était modifié dans sa maladie par rapport à des patients contrôle. Avec ces données, on a nourri un algorithme d’IA et on lui a demandé de trouver des médicaments changeant ce que la maladie a modifié ».
Les chercheurs ont aussi testé, avec des machines perfectionnées (criblage à haut débit), les candidats médicaments les plus prometteurs et planchent sur un protocole d’essai clinique. « Une fois trouvé un candidat médicament, il faut prouver qu’il est efficace, et c’est compliqué », dit le scientifique.
DREAMS travaille avec un groupe de patients experts, dont Fanny, pour identifier les critères permettant d’évaluer au mieux cette efficacité. Objectif: « arriver en 2028 à proposer un candidat médicament aux patients », précise Xavier Nissan.
Les avancées sur des maladies rares peuvent bénéficier à des pathologies plus fréquentes, soulignent les pilotes et scientifiques du Téléthon, mais le financement reste difficile.
« Les maladies ultra rares, ça n’intéresse ni les investisseurs ni les groupes pharmaceutiques. Mais même pour les maladies rares, on manque de moyens », déplore Laurence Tiennot-Herment, présidente de l’AFM-Téléthon.
Evoquant la « frustration énorme » de ne pouvoir soutenir tous les candidats médicaments dans les tiroirs des laboratoires appuyés par l’association, elle espère une collecte finale du Téléthon « au moins au niveau de 2024 »: 96 millions d’euros.
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