Contrairement aux bétons plus classiques, la formulation des bétons à ultra-haute performance (BUHP) se caractérise par un empilement granulaire spécifique, la présence de fines particules et un faible ratio eau/ciment. Outre des propriétés mécaniques inégalées dans le domaine des bétons, ce type de formulation permet d’obtenir des éléments très esthétiques aux formes potentiellement complexes tout en contrôlant finement la texture de surface. Le champ d’application de ce type de béton est donc en pleine expansion, permettant ainsi aux architectes de réfléchir à des projets de plus en plus ambitieux.
Une formulation de type BUHP, au contact d’un moule, permet d’induire une surface sensiblement plus lisse que pour d’autres types de béton et relativement peu perméable (aux liquides comme aux gaz). Cette très faible perméabilité assure une très longue durabilité structurale. Néanmoins, le très faible taux de porosité des BUHP est synonyme de très petits diamètres de pores (proches de la dizaine de nanomètres). Cette microporosité ouverte est principalement responsable de la dégradation de l’esthétique des surfaces par encrassement : les poussières, les colorants (ou les tanins) peuvent en effet s’immiscer au sein de ces micropores et devenir très difficilement délogeables ou nettoyables. Cette microporosité est aussi à l’origine de phénomènes de condensation/séchage d’eau au niveau capillaire qui peuvent induire, sous certaines conditions, l’apparition de zones blanchâtres à base de sels de calcium. Enfin, cette microporosité ouverte influence grandement l’adhésion entre le BUHP et les revêtements de protection qui sont habituellement déposés quelques jours à quelques semaines après démoulage des pièces.
De par ces informations, on comprendra facilement que les conditions de coffrage et de stockage après démoulage peuvent influencer fortement les propriétés de surface des BUHP. Par exemple, l’adhésion de certains vernis et la croissance de certains agents biologiques (algues) peuvent être influencées par la microtexture et la topographie du béton induite lors du coffrage. Pour éviter les dégradations d’ordre esthétique, des fonctionnalisations de type hydrophobe ou hydrophile pourront alors être recherchées via le dépôt de revêtements de protection.
Cet article exposera tout d’abord les caractéristiques intrinsèques des surfaces de béton à ultra-haute performance (morphologie, rugosité, etc.) liées au couplage entre leur formulation assez spécifique et certaines conditions de coffrage bien particulières (nature des moules et des agents de décoffrage par exemple). Puis, différents critères esthétiques seront discutés afin de mettre en évidence les paramètres-clés et les mécanismes gouvernant l’aspect mais aussi l’encrassement des surfaces de BUHP. Enfin, plusieurs types de revêtements de protection seront présentés en fonction de leur formulation et de leur capacité à protéger les surfaces de BUHP. Une attention particulière sera alors portée sur leur niveau d’adhésion avec la surface du béton, en fonction des caractéristiques de celle-ci.