La notion de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) est comprise, dans cet article, comme « un processus qui favorise le développement et la[nbsp ]gestion coordonnée de l'eau et des ressources connexes à l'intérieur des[nbsp ]limites d'un bassin versant en vue d'optimiser, de manière équitable, le[nbsp ]bien-être économique et social qui en résulte, sans pour autant compromettre la pérennité des écosystèmes vitaux » (source GWP – http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/DOS_Gestion_integree_ressources_en_eau.pdf) .
La GIRE est basée sur le présupposé qu'une approche sectorielle de la gestion de l'eau tend à imposer des coûts économiques, sociaux et écologiques élevés. La GIRE met donc l'accent sur des prises de décision intégrant plusieurs secteurs et s'appliquant sur plusieurs échelles.
Beaucoup considèrent que la GIRE a résulté d'un changement de paradigme.
En effet, les années 1980 comme le début des années 1990 ont été marqués par la crise du modèle de l'approche par secteur de la gestion de l'eau. L'acte fondateur qui semble avoir marqué le début de la réflexion qui a entraîné ce changement d'approche est la conférence de Mar del Plata en 1977. Cette première conférence des nations sur l'eau était guidée par la perspective fondamentale de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement et aux moyens à mettre en œuvre pour parvenir à ces objectifs.
Lors de cet événement, de nombreux pays ont présenté un bilan de l'état de leur ressource en eau et se sont engagés dans une démarche prospective sur les besoins et les ressources.
Cette conférence a débouché sur l'approbation d'un plan d'actions ainsi que sur le lancement de la « décennie internationale pour l'eau potable et l'assainissement » (DIEPA 1981-1990).
L'objectif affiché de cette décennie était ni plus ni moins que tous les êtres humains disposent à l'horizon 2000 d'une eau potable en quantité et en qualité suffisantes ainsi que des structures d'assainissement au minimum de base.
25 ans après la clôture de cette décennie, ces objectifs n'ont toujours pas été atteints malgré la réaffirmation de ces buts en 2000 dans le cadre des Objectifs du Millénaire. Notons que ces objectifs sont plus modestes que ceux de la DIEPA puisqu'il s'agit de diviser par deux et à l'horizon 2015 le nombre de personnes sans eau potable et sans assainissement. L'objectif de l'accès universel à l'eau potable et à l'assainissement reste présent mais n'est prévu qu'à l'horizon 2025. Aujourd'hui différents acteurs de la GIRE et du développement pensent qu'il sera difficile d'atteindre ces objectifs dans 10 ans. Il est plus que probable qu'ils ne pourront être atteints dans les pays en développement sans une meilleure maîtrise de la démographie.
La conférence de Mar del Plata en 1977 comme la décennie internationale pour l'eau potable et l'assainissement (1981-1990) semblent donc avoir été des échecs par rapport aux buts affichés. Mais on comprend bien, maintenant, qu'ils étaient bien trop ambitieux.
Cependant, ces événements sont très loin d'avoir été inutiles. Les différents débats sur les enjeux de l'eau ont été fructueux et ont abouti à la conférence de Dublin en 1992 où un certain nombre de principes déterminants pour l'utilisation durable de l'eau ont été adoptés par la communauté internationale.
Nous allons détailler ces principes fondateurs de la GIRE dans le paragraphe 1.
L'application de ces principes fait passer d'une gestion technique et est abordée par une multitude de secteurs (industrie, agriculture, collectivités, environnement, santé, équipement, transport...) à une nouvelle gestion qui intègre les apports des sciences dites « dures » comme ceux des sciences humaines et qui va s'appliquer de plus en plus à l'échelle du bassin versant.