Les sols changent, que ce soit sous l’effet de facteurs naturels ou sous l’influence des activités humaines. Les scientifiques, les utilisateurs des sols (agriculteurs, gestionnaires d’espaces verts, forestiers, jardiniers amateurs…) et les porteurs d’enjeux (services déconcentrés de l’État, responsables de collectivités territoriales, chambres d’agriculture, syndicats agricoles…) ont besoin d’indicateurs permettant d’évaluer les modifications subies par les sols et leurs effets sur leur état et leur fonctionnement. Des paramètres tels que la couleur, la texture, la pierrosité, la profondeur ont permis aux agriculteurs de juger par eux-mêmes de l’état de leurs sols. Depuis plusieurs décennies, des indicateurs basés sur les propriétés physico-chimiques se sont généralisés. Cependant, ces indicateurs, tels que la capacité d’échange cationique, la teneur en carbone, en phosphore ou en azote, etc., n’informent qu’indirectement sur le fonctionnement biologique des sols. Or, le sol héberge une diversité extraordinaire d’organismes qui ont un rôle primordial dans l’organisation physique des sols, la nutrition et la santé des plantes et plus largement dans le fonctionnement des écosystèmes. La faune du sol, des microscopiques protozoaires aux vers de terre, en passant par une multitude d’insectes et invertébrés, représente une part très importante de cette biodiversité. Elle influence fortement l’évolution des sols, particulièrement ses propriétés physiques et chimiques, et donc sa fertilité et ses capacités de production, en agissant à des échelles très différentes d’organisation et de fonctionnement spatiaux et temporels. Cette faune du sol peut alors être aussi utilisée comme bioindicateur, particulièrement en contexte agricole. Un bioindicateur peut être défini comme étant un état d’organisation biologique (une partie d'un organisme, un organisme ou une communauté d'organismes) qui renseigne sur l’état et le fonctionnement d’un écosystème. Bien que les bioindicateurs utilisant la faune du sol puissent être le reflet de réponses à différentes échelles (moléculaire, cellulaire, individuelle, comportementale, populationnelle et communautaire), cet article est focalisé sur l’échelle des communautés.