L’urbanisation est un des principaux changements d’usage du sol à l’échelle planétaire. En France métropolitaine, les surfaces artificialisées représentent de l’ordre de 10 % du territoire, résultant de la métropolisation mais également de l’étalement urbain. Depuis 2007, plus de la moitié des humains résident en ville et ce chiffre devrait atteindre les 70 % à l’horizon 2050. Bien que représentant une surface relativement réduite, l’impact de l’urbanisation sur l’ensemble de la biosphère, notamment comme moteur du changement climatique et de la crise de la biodiversité, est majeur puisqu’une ville nécessite une surface 1 000 fois plus grande pour subvenir aux besoins de ses habitants. À une échelle plus fine, les externalités environnementales négatives (pollutions diverses ; îlot de chaleur, perte de biodiversité et pullulation de bioagresseurs, inondations…) menacent la qualité de vie des citadins. Afin de diminuer les impacts négatifs de l’urbanisation, mais également de se préparer aux conséquences de la crise climatique, une transition vers des villes plus durables et résilientes est nécessaire et a déjà démarré. Cette transition repose en partie sur la prise en compte des services rendus par la biodiversité des écosystèmes urbains (i.e. biodiversité urbaine) aux citadins, désignés par la notion de « services écosystémiques » ou plus récemment par les « solutions fondées sur la nature » (SFN). Dans ce contexte, de nombreux citadins, praticiens ou scientifiques travaillent au développement de la nature en ville, cette démarche étant alimentée par l’écologie urbaine.
L’écologie urbaine désigne à la fois l’étude de la ville par les sciences du vivants et les sciences humaines mais également l’amélioration du cadre de vie des citadins basée sur la protection de l’environnement. Elle est née à Chicago dans les années 1930 et elle a été amplifiée en France par les lois Grenelle (2009 et 2010) qui ont reconnu l’importance de protéger, développer et renforcer la nature en ville. Cette démarche passe par la prise en compte des espaces à caractère naturel des villes pour favoriser leur intégration au sein de « réseaux » locaux, régionaux et nationaux : les trames vertes urbaines. Cette volonté politique étant basée sur une dynamique scientifique nationale (par exemple : le programme Ecorurb) et européenne (Globenet). Si certaines composantes de la nature en ville, comme les oiseaux ou les plantes, ont été relativement bien étudiées, la biodiversité des sols urbains reste mal connue. Les espaces urbains ne sont pourtant pas « hors-sols » et reposent sur un ensemble de substrats que l’on regroupera sous le terme de « sols urbains » . Comme dans les systèmes non urbains, le sol, biomatériel unique à notre planète, a un rôle central dans le fonctionnement des écosystèmes urbains et abrite une très riche biodiversité. Bien qu’encore peu connue, il ressort des connaissances disponibles que cette biodiversité des sols urbains, et donc également les services qui lui sont associés, dépend notamment des aménagements et de la manière de les gérer.
Dans ce contexte, l’objectif général de cet article est de mieux comprendre l’impact des aménagements urbains sur la biodiversité des sols. Nous traiterons en détail trois types d’aménagement : les parcs, les toitures végétalisées et les formes d’agricultures urbaines.