Le quartier du Vignois est un lotissement construit à Gonesse dans les années 1980, en limite des communes d’Arnouville et de Bonneuil-en-France, dans le Val-d’Oise. Installées en bordure de la rivière le Croult, les habitations de ce quartier ont été régulièrement inondées par débordement direct de la rivière et/ou par refoulement des réseaux d’eaux pluviales dans les sous-sols.
Le secteur de Sarcelles-village, quant à lui, est le cœur historique de la ville dont la rivière a finalement disparu, enterrée au sortir de la Deuxième Guerre mondiale pour des questions essentiellement hygiénistes.
Lancés en 2007, les projets de restauration de ces deux tronçons de rivières incombent de fait au syndicat mixte pour l’aménagement hydraulique des vallées du Croult et du Petit Rosne (SIAH) au titre des compétences qu’il exerce et qui sont devenues en 2018 la GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations).
Nés de problématiques essentiellement hydrauliques, les deux projets sont devenus rapidement, à l’initiative du SIAH et avec le soutien de son maître d’œuvre, des projets hydro-écologiques à part entière. L’opportunité d’inscrire ces opérations dans un cadre plus large de restauration de cours d’eau, de création de zone humide, confère à ces projets un caractère certes encore un peu expérimental à l’époque pour le SIAH mais néanmoins stratégique au regard des enjeux assignés à la masse d’eau « Croult », dont le bon potentiel écologique, au titre de masse d’eau fortement modifiée, est fixé à 2027.
Le projet du Vignois à Gonesse, de par son ampleur, revêt une dimension non seulement locale, mais également communale, en lien avec les parcs communaux et régionaux. À ce titre, il constitue la préfiguration de projets futurs du SIAH, dont certains sont désormais à seule vocation écologique.
La rivière, tout au long du projet, réapparaît progressivement comme un potentiel atout de valorisation du secteur, restaurée, reméandrée. Toutefois, assez paradoxalement, la plus-value paysagère apportée est telle que des craintes naissent chez certains riverains, craintes qui font écho à des questions de sécurité publique, observées au demeurant par le SIAH sur le site de la réouverture du Petit Rosne à Sarcelles-village depuis 2014. L’attraction de visiteurs (promeneurs, squatteurs…) fait débat quant à la tranquillité légitimement souhaitée des riverains.
Sur un site « humide » nouvellement restauré, la question de la gestion du site se pose ainsi comme un enjeu majeur non seulement de pérennité du site mais également de bonne acceptation du projet par la population locale. La bonne compréhension des enjeux écologiques, tant sur la gestion des espaces verts que sur l’équilibre de l’écosystème, devient rapidement pour le maître d’ouvrage un sujet stratégique afin que les règles de gestion soient comprises et acceptées par tous et que le site soit respecté, voire défendu.
Ainsi le rôle de la population riveraine prend une importance particulière sur ce projet, conduisant le maître d’ouvrage à une ouverture plus grande vers les riverains. L’expérience montre que le lien avec le riverain n’est jamais assez étroit, jamais assez clair.
Or, un riverain convaincu peut constituer un élément de défense du site et, au sens propre et figuré du terme, de défense des espèces animales présentes sur le site. Par sa proximité, il peut ainsi alerter le gestionnaire en cas d’incivilités, de problèmes de fonctionnement des ouvrages. Par la confiance acquise et entretenue entre l’habitant et le gestionnaire, l’intérêt général d’un tel projet prend tout son sens : un projet réalisé par la collectivité au service du public et en transparence avec celui-ci.
En effet, les bénéfices attendus d’un projet hydro-écologique ne se limitent pas à la seule dimension écologique ou de protection contre les inondations. Plusieurs aspects doivent ainsi être évalués à intervalles réguliers : impact écologique faune/flore, impact sur la qualité de l’eau de la rivière, respect du site (dégradations, usages interdits, déchets…) et cohabitation des différents usagers (promeneurs, riverains, ornithologistes, « pêcheurs », « squatteurs »…).
D’autres sujets, connexes mais aussi importants, ont également vocation à être défrichés même si les aspects scientifiques sont encore parfois incertains : impact sur les îlots de chaleur, efficacité du traitement des eaux pluviales dans le bassin de protection de la zone humide vis-à-vis de la ZAC, impact sur la continuité écologique (déplacements de certaines espèces, d’oiseaux notamment), impact du projet sur le foncier bâti localement…
Ces démarches d’évaluation sont fondamentales à titre technique voire scientifique au regard des futurs projets du SIAH qui pourront s’inspirer avec bonheur du retour d’expérience de cette opération. Ils sont également, et peut-être avant tout, essentiels à titre déontologique comme élément de transparence de l’action publique auprès du contribuable-usager.